Le verdict du vote est sans appel. Certes, le pays dominant les démocraties nous évite le spectacle d’institutions paralysées conjuguées avec un climat de guerre civile. Les pouvoirs exécutifs et législatifs étant alignés, le président sera comptable de ses résultats sans excuse. S’il est déçu dans deux ans, le peuple américain pourra limiter ses pouvoirs puis, deux ans plus tard, le chasser.
En attendant, certains droits des personnes risquent de régresser. Mais aucune des dérives des dictatures – emprisonnements arbitraires, procès truqués, interdiction des oppositions, assassinats politiques – ne menace les États-Unis.
La plus mauvaise nouvelle est que les électeurs ont porté sciemment au pouvoir un dirigeant escroc en affaires, condamné par la justice et « boni-menteur ». Ils l’ont choisi malgré son immoralité parce qu’ils pensent qu’il servira le mieux leurs intérêts.
La démocratie est l’alchimie par laquelle l’addition de votes dictés plus par l’égoïsme de l’électeur que par l’adhésion à des valeurs morales conduit à des décisions qu’on qualifie d’intérêt général. La politique internationale a toujours été la régulation – fondée sur les rapports de force – des conflits de pays, de peuples, mus d’abord par leurs intérêts égoïstes.
Le rêve du règne des valeurs universelles incarnées par le droit international et les Nations Unies est de plus en plus éloigné. Quelle place reste-t-il pour la générosité, la justice et l’amour qui sont au cœur de la foi chrétienne ? Presque inexistantes à l’échelle du monde, ces valeurs restent le ciment indispensable d’une nation apaisée.
Xavier Moreno, dirigeant d’entreprise, pour « L’œil de Réforme »