En 2017, Stéphane Bern avait proposé une mesure similaire. Cette fois, c’est Rachida Dati qui milite en faveur de l’accès payant à certains lieux de culte, dont Notre-Dame de Paris. Le but d’une telle mesure ? Financer la rénovation et l’entretien du patrimoine religieux. Dans un entretien accordé au Figaro, la ministre de la Culture estime que 5 euros pour visiter Notre-Dame permettrait de récolter « 75 millions d’euros par an » . L’idée fait débat en France, mais ailleurs, elle s’applique régulièrement dans les lieux touristiques. C’est d’autant plus le cas dans les endroits où les cultes sont propriétaires des lieux, contrairement à la France, indique Le Parisien.
Interrogée par le quotidien, Marie-Hélène Chevrier, maître de conférences en géographie à l’Institut catholique de Paris, et spécialiste du tourisme religieux, précise qu’il y a « ceux pour lesquels l’église est un lieu de vie, très utilisé par les fidèles, et ceux qui ont une conception patrimoniale du lieu, qui y voient un édifice à conserver, à figer dans le temps ».
« Tout le monde doit pouvoir accéder aux édifices »
En Italie, l’Église s’oppose à la mise en place d’un prix d’entrée pour les édifices religieux. Dans ce but, une note de la conférence épiscopale italienne du 31 janvier 2012 réaffirme le principe de gratuité des lieux de culte catholiques. Il y a douze ans, selon le site italien Palermo Today, l’accès à 60 des 95 000 églises italiennes était payant. Aussi, le document épiscopal liste les cas précis dans lesquels l’instauration d’une billetterie payante est possible. Elle se limite aux « visites touristiques des parties du complexe (crypte, trésor, baptistère isolé, clocher, cloître, chapelle individuelle, etc.), clairement séparées du bâtiment principal de l’église, qui doit rester disponible pour la prière » .
« Il y a cette idée qu’on ne fait payer que les lieux avec une forte valeur historique ajoutée. L’Église catholique est souvent opposée à l’entrée payante, car tout le monde doit pouvoir accéder aux édifices. Le prix peut être une barrière qui ne va pas dans le sens de l’évangélisation », poursuit la spécialiste.
La méthode anglicane
En revanche, la mise en place de créneaux de visite voire d’un système de réservation, afin de réguler les flux de visiteurs est autorisée. Il en va de même pour la mise en place d’un temps de déambulation limité. Un tel système existe au Portugal. Là-bas, la plupart des églises se visitent gratuitement. Mais, en Italie, même si des monuments historiques prisés restent ouverts gratuitement aux fidèles, de plus en plus d’édifices religieux font payer une entrée. D’après Palermo Today, de nombreuses églises siciliennes réclament jusqu’à 4 euros à des visiteurs venant prier .
Au Royaume-Uni, l’Église anglicane laisse le libre choix pour les édifices religieux qui relèvent de son culte. Si certains veulent faire payer une entrée, ils le peuvent. Mais seules neuf des 42 cathédrales de l’Église d’Angleterre faisaient payer l’accès en 2017, selon Caroline Spelman, députée britannique et commissaire de l’Église à l’époque. L’élue, dont le rôle est de faire le lien entre l’institution religieuse et le Parlement, expliquait alors : « Il appartient aux responsables des églises de décider de la meilleure façon de faire face à leurs obligations financières, que ce soient les frais de fonctionnement et l’entretien ou la gestion du nombre de visiteurs ». Et d’ajouter : « Les églises et cathédrales dont l’entrée est payante offrent un accès gratuit aux personnes qui assistent aux offices et aux prières privées, et certaines offrent un accès gratuit le dimanche. »
36 euros pour l’abbaye de Westminster
Mais lorsqu’il faut payer, le tarif est généralement élevé. Un adulte devra ainsi débourser 25 livres (30 euros) pour visiter la cathédrale Saint-Paul de Londres, et 30 livres (36 euros) pour l’abbaye de Westminster, où Charles III a été couronné. En revanche, sa partie qui relève de l’Église catholique est gratuite, indique Marie-Hélène Chevrier.
En Espagne, l’organisation choisie ressemble fort à celle de l’Église anglicane. « Les édifices religieux sont la propriété privée des institutions religieuses, il faut donc générer des ressources pour les entretenir et les restaurer », précisait il y a peu à La Croix Pablo Delclaux, responsable du patrimoine culturel au sein de la Conférence épiscopale espagnole. Si la visite de Saint-Jacques-de-Compostelle reste libre, il faut débourser 12 euros à Séville ou 26 euros pour la Sagrada Familia à Barcelone .