Cette compétition est omniprésente, omnipotente, et semble même ériger un nouvel ethos collectif, où la course à la domination, au profit et au pouvoir prime sur tout : l’actualité aux États-Unis nous montre que cette compétition est un dogme revendiqué désormais sans retenue. 

Or, cette compétition extrême, qui crée une relation verticale entre les hommes, est difficilement compatible avec ce qui devrait être la pierre angulaire de tout système d’échange : la confiance, relation horizontale. L’érosion de celle-ci engendre des effets en cascade, qui condamnent le système. 

La perte de confiance envers les institutions installe le doute : la vérité vacille et, sans repères, les individus se replient sur des communautés fermées, aggravant la fragmentation sociale. Ce repli accentue l’isolement, poussant chacun à se tourner vers lui-même ou sa « communauté » comme ultime repère. Enfin, ce culte de soi alimente une compétition acharnée pour se démarquer, dans laquelle l’égo règne en maître, fermant le cercle vicieux. Que faire face à un tel constat ? 

Si l’esprit du capitalisme s’est nourri de l’éthique protestante, avant de basculer dans l’extrême, peut-être nous incombe-t-il de le rééquilibrer ?

Pour y parvenir, nous devons promouvoir des modèles socio-économiques qui mettent en avant la coopération plutôt que la compétition, le partage plutôt que l’accumulation, et la durabilité plutôt que l’extraction. Il ne s’agit pas de prêcher une austérité stérile, mais de redécouvrir la richesse des relations humaines, de l’entraide, de l’acte gratuit, et de l’échange sans but lucratif. Tout est là, il suffit de le valoriser à nouveau.

Thomas Kauffmann, anthropologue et humanitaire, pour « L’œil de Réforme »

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