Vilnius, en Lituanie, est l’hôte du sommet de l’Otan. Du mardi 11 au mercredi 12 juillet, il réunira les dirigeants de 31 pays membres. Au programme de leurs échanges : l’adhésion de la Suède, mais aussi celle de l’Ukraine, toujours en guerre contre la Russie, ou encore les dépenses militaires, indique 20 Minutes. Interviewé par le quotidien, Nicolas Tenzer, spécialiste des questions stratégiques et internationales et enseignant à Sciences po, explique que si l’adhésion de la Suède arrive seulement maintenant sur la table, c’est parce que, jusque-là, la Turquie freinait des quatre fers. “La Suède héberge des réfugiés kurdes que la Turquie considère comme une menace pour sa sécurité”, précise-t-il La Hongrie n’est guère plus enthousiaste. Le professeur la décrit comme “le cheval de Troie de Moscou”, prenant à cœur son rôle de trublion, dans le but de déstabiliser l’Europe.

L’adhésion de l’Ukraine

Le cas de l’Ukraine est plus délicat. Les États-Unis ne souhaitent pas qu’elle intègre l’alliance de pays d’Europe et d’Amérique du Nord. “Je ne pense pas [que l’Ukraine] soit prête à faire partie de l’Otan”, a ainsi déclaré le président Joe Biden, lors d’un entretien diffusé dimanche sur CNN. L’Allemagne est également opposée à l’adhésion de Kiev. Outre-Rhin, on craint qu’un tel rapprochement soit considéré par Moscou comme une provocation. “Ils sont dans l’idée qu’il y a une sorte de ligne rouge, ce qui est de la folie”, assure Nicolas Tenzer. Et puis, si l’Ukraine intégrait l’Otan l’article 5 de l’alliance entraînerait les 31 pays membres directement dans le conflit avec la Russie. Pour éviter cela, une jurisprudence constante de l’Otan prévoit qu’il ne faut pas admettre un pays en guerre. Aussi, pour assurer Kiev de son soutien, plusieurs poids lourds de l’Otan négocient un maximum d’engagements, sous la forme d’armes qui lui permettront d’assurer sa défense. Des engagements qui devraient être formulés  en dehors du cadre de l’Otan, afin d’éviter toute confusion.

Une modernisation nécessaire

Alliance la plus forte au monde, l’Otan n’a pas d’équivalent sur la planète. Mais elle doit se moderniser et veiller à renforcer ses armées. Après l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, les pays membres de l’Alliance transatlantique avaient décidé de consacrer 2 % de leur PIB aux dépenses militaires d’ici 2024. L’invasion de l’Ukraine par la Russie confirme l’importance de cette décision. “Aujourd’hui, la dissuasion nucléaire ne suffit plus. Il faut aussi des forces conventionnelles, des capacités de défense, une modernisation, notamment en ce qui concerne les drones, il faut se mettre à niveau”, détaille le spécialiste. L’enjeu est d’autant plus important que, comme le rappelle le quotidien, la future élection présidentielle américaine est très incertaine. L’Otan doit donc être en mesure d’agir, de se défendre et d’épauler Kiev en faisant, si besoin, l’impasse sur le soutien des États-Unis.