Après que chacun s’est alarmé des risques qu’encourait la démocratie après l’élection de Donald Trump, chacun est en passe de se résigner. Le sourire pitoyable de Kamala Harris après sa défaite et la levée de tant de soutiens financiers a fait passer le message qu’il s’agissait de subir. 

En France, la gauche et la droite se sont faites à la situation au nom du devoir minimum d’acceptation des résultats. Aucune voix ne mobilise : la grande puissance du monde a choisi pour tous. 

Mon étonnement vient alors ici du silence des Églises. Cette messe démocratique n’aurait jamais dû les satisfaire : les honteuses prières évangéliques d’un protestantisme d’entreprise et de morale catholique n’ont même pas scandalisé ceux qui osent ici se dire encore libéraux. Comme si chacun y trouvait son compte : les uns dans une élection marquée au sceau de la tradition religieuse, les autres au sceau d’une compréhension non moins religieuse de l’adaptation au monde. 

Heureusement, rien ne dit aujourd’hui que ce seront désormais des « démocratures » à forte charge messianique ou oligarchique et sans pitié qui prendront à coup sûr le relais de nos démocraties épuisées ici aussi en Europe. Mais les chrétiens seraient bien inspirés de ne pas prendre leur parti de n’être plus critiques devant ce qui ressemble quand même à la fin de la démocratie. 

Qu’adviendra-t-il après elle, en effet, s’ils s’en tiennent aux « vacarmes de leurs cantiques », comme dit le prophète, ou au silence d’un libéralisme de paresse qui aura choisi de regarder ailleurs ? Quel Évangile de la justice, de l’hospitalité et de l’espérance y trouvera encore quelque avocat, quelque vigie ? Croire c’est aussi penser, disait Ricœur, et anticiper.

François Clavairoly, pasteur, pour « L’œil de Réforme »

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