De nombreux pays se trouvent désormais sous le seuil de renouvellement des générations (situé à deux enfants par femme), et le monde dans son ensemble prolonge son mouvement vers une fécondité plus basse : 2,2 enfants par femme en 2025 au niveau planétaire.
Ce ralentissement des naissances est partout perçu comme une menace pour la croissance économique et le financement des systèmes de retraite. En France, l’appel du président à la relance de la natalité, le « réarmement démographique », se traduit actuellement par le projet du gouvernement d’augmenter la durée du congé de maternité, proposition saluée par les représentants politiques, toutes tendances confondues.
Et pourtant… Selon le rapport de l’ONU sur les perspectives démographiques paru en 2024, qui tient compte de la baisse de la fécondité, il faudra compter en moyenne sur la présence d’environ 9 milliards d’humains dans les 75 ans à venir. Impossible de concilier un tel niveau de population avec l’amélioration générale du niveau de vie, l’arrêt des émissions de gaz à effet de serre et la préservation de la nature. Avec ses 8,2 milliards d’humains, le monde est actuellement déjà surpeuplé par rapport à sa biocapacité.
Si le système de retraites ne tient que parce que chaque génération est plus nombreuse que la précédente, nous construisons simplement une pyramide de Ponzi démographique. À l’ère de l’intelligence artificielle, c’est la productivité des cotisants qui sera déterminante et non leur nombre.
Si nous voulons léguer aux générations futures une planète vivable, nous n’avons d’autre choix que de saisir l’opportunité de l’actuel ralentissement de la croissance de la population, en l’accompagnant d’un véritable désarmement démographique partout dans le monde.
Martin Rott, juriste, pour « L’œil de Réforme »
