Chantons tous son avènement ! Étrange événement que cette naissance, mélange de conte de fées, d’histoire dépassée et d’attirance people. Au moins cela nous change des déboires judiciaires et testamentaires de la famille de notre rockeur national.

D’abord avouons-le : nous finissons tous par être attirés par cette lumière-là, même si nous essayons, maladroitement, de le justifier. « Je regarde, mais cela ne m’intéresse pas », « je veux juste être au courant »… et nous regardons cette presse (que nous critiquons) chez le coiffeur plutôt que chez nous.

Une forme de fascination

Bref, ne cherchons la paille dans l’œil des autres, mais tentons à analyser notre propre regard, et notre inclination à cette forme de fascination. Je le fais d’autant plus volontiers que l’un des pires accidents de cuisine qui me soit arrivé (un doigt transpercé par un couteau, tout de même) fut provoqué par un royal. Mon regard s’est détourné un instant vers un écran où se déroulait, en direct, le mariage du prince Charles. J’écris donc avec humilité cet article en regardant la poutre qui est dans mon œil.

Le phénomène étonne aujourd’hui, dans une société qui se veut ultra-moderne, car il renvoie à une forme d’archaïsme que nous pensions oublié : la naissance d’un seul concernerait le monde. Mais, en disant cela, il nous faut immédiatement relativiser ce caractère archaïque. D’une part parce que cela a toujours existé, et, d’autre part, parce que l’origine du christianisme est aussi la naissance d’un « bébé divin ».

Les naissances font partie des mythologies fondatrices des différentes cultures du monde. Elles peuvent être parfois paradoxales, comme celle d’Ulysse, né du viol de sa mère Anticlée par Sisyphe, mais pourtant devenu héros. Elles peuvent être tragiques, comme celle de Zeus, qui faillit être dévoré par son père Cronos. Elles peuvent être encore dans les dorures des palais royaux, comme celui du Louvre ou de […]