En 2011, après des années de guerre civile, le Soudan du Sud devient indépendant du Soudan. En 2013, les violences reprennent, provoquées par un conflit entre le président Salva Kiir et son ex-adjoint Riek Machar. Depuis, plus de 500 000 personnes ont été tuées. Environ 4,2 millions de personnes ont fui les attaques à main armée, les massacres, les viols et les destructions récurrentes. Plusieurs réalités sont à l’origine de ce nouveau conflit : les deux rivaux ont monté les Dinka contre les Nuer, leurs groupes ethniques respectifs. Il est indispensable de restaurer la confiance entre eux pour rétablir la paix. Un traité de paix a été conclu en septembre 2018. Sa mise en œuvre à tous les niveaux reste à faire. La situation fragile est mise à l’épreuve au printemps 2019, lors du retour de Riek Machar de l’exil et de sa reprise des fonctions de vice-président à Juba, capitale du pays. La dernière tentative de former un gouvernement d’union a été vouée à l’échec en 2016, dégénérant en violence. Néanmoins, la population ainsi que de nombreux experts espèrent beaucoup en cette nouvelle tentative.

Un partenariat éprouvé

L’Église presbytérienne du Sud-Soudan (PCOSS) est la troisième Église du pays. Elle est partenaire de Mission 21. Elle joue un rôle important dans ce conflit, réunissant des fidèles de plusieurs ethnies et créant ainsi du lien important. Elle s’était déjà engagée en faveur de la paix durant le conflit de sécession avec le Nord de l’ancien Soudan. À l’origine ancrée dans la région du Grand Nil supérieur, très touchée par les violences, elle a suivi ses membres partout où ils se sont déplacés par contrainte. La plupart s’est réfugiée dans la capitale Juba et dans des camps le long de la frontière avec le Nord. C’est avec une souplesse impressionnante que l’Église y a repris ses activités, s’engageant notamment dans un travail de réconciliation et d’accompagnement des personnes victimes de traumatismes de guerre, qui les aide à gérer leur vécu sans répondre à la violence par la violence. La PCOSS favorise ainsi les relations pacifiques et justes au-delà des barrières ethniques. L’engagement pour la paix est déterminant aussi dans les domaines de l’éducation et de l’agriculture, assurant la subsistance ou la formation de pasteurs et de sages-femmes. Ses programmes de formation sont ouverts à toutes les ethnies. Grâce à la rencontre quotidienne dans le cadre de ces études, on arrive à réduire les idées préconçues et à calmer la peur des uns vis-à-vis des autres.

Plan d’action pour la paix

La Fédération des Églises sud-soudanaises (SSCC), également partenaire de Mission 21, touche des personnes de la base partout dans le pays. Elle regroupe sept grandes Églises et de nombreux comités inter-ecclésiaux. En 2016, elle a lancé le plan d’action pour la paix, une initiative nationale portée par ses membres et soutenue financièrement par ses partenaires internationaux. Les Églises sont les seules institutions qui jouissent encore de la confiance de la population. Par leurs actions inter-ethniques, elles affirment concrètement que le pardon et le vivre-ensemble pacifique sont possibles.

Afin de promouvoir le plus largement possible le principe de l’entente pacifique et les moyens d’y arriver, des instructeurs régionaux sont formés. Des techniques permettant de surmonter les conflits de façon pacifique et de sonder des terrains d’entente et de réconciliation sont enseignées. Ainsi, les participants sont encouragés à la rencontre au-delà des barrières ethniques. L’expérience montre que particulièrement les femmes jouent un rôle important dans le processus de paix. Comme la société sudsoudanaise est encore très marquée par une culture patriarcale, Mission 21 met l’accent sur l’autonomisation et l’émancipation des femmes.

Miriam Glass, responsable du service «projets » à Mission 21