Ouidah, Whydah, Juida ou encore Ajudá, 4 prononciations différentes pour un même destin : l’exil, la servitude et la mort.
« La place aux enchères »
A Ouidah, la chaleur peut parfois être écrasante. La découverte de la route des esclaves débute sur la place centrale, la Place aux enchères, où les esclaves étaient rassemblés et marqués au fer afin d’y être vendus. Le silence s’installe progressivement parmi les visiteurs, laissant pour certains leur imagination entendre le bruit des hommes et des chaînes. Le « commerce » se faisait alors sous le contrôle d’un grand dignitaire de l’État, le yovogan, littéralement chef des Blancs, qui constituait l’interface commerciale entre les négriers européens et l’état négrier d’Abomey. Dans ce royaume relativement centralisé mis en place par le roi Agadja d’Agbomin (1708-1740), la traite négrière fut érigée en monopole royal par le roi Kpengla (1774-1789) et alimentée par de périodiques razzias aux marges du royaume.
Les esclaves parcouraient les quelques kilomètres qui les séparaient de la plage, et du départ vers leur nouveau-monde, enchaînés les uns aux autres. Cette route, désormais jalonnée de statues présentant symboliquement les différents rois, nous raconte l’inimaginable. Elle questionne : comment penser la différence et la vie ? Le semblable et le dissemblable ? […]