Une tribune du pasteur Christian Krieger, président de la Fédération Protestante de France (FPF) et d’ Isabelle Richard, présidente de la Fédération de l’Entraide Protestante (FEP)

A Paris, le 17 décembre 2024,

Le 8 décembre, après plus de 13 ans d’une répression sanglante contre son propre peuple, le régime de Bachar al-Assad a été renversé, suscitant un espoir d’évolution vers une paix durable. La chute de ce régime sanglant ouvre une période incertaine et soulève de nombreuses inquiétudes dans un pays composé d’une pluralité de groupes communautaires et religieux. Il est trop tôt pour considérer que le gouvernement de transition, malgré ses déclarations rassurantes, pourra garantir la sécurité pour tous les Syriens, en particulier ceux issus de minorités. Pourtant certains gouvernements européens, dont la France, ont annoncé vouloir suspendre dès à présent les demandes d’asile des ressortissants syriens.

Dans ce contexte la Fédération Protestante de France (FPF) et la Fédération de l’Entraide Protestante (FEP) appellent à analyser avec la plus grande prudence la situation en Syrie, en veillant notamment à vérifier que des décisions viennent concrétiser les déclarations rassurantes énoncées à l’intention de ceux qui ont dû fuir leur pays.

Depuis 2017, la FPF et la FEP sont signataires avec le gouvernement français du protocole des Couloirs Humanitaires, qui permet à des personnes syriennes réfugiées au Liban d’être accueillies en France via des voies légales et sûres. La FEP est devenue un acteur clef de ce dispositif, grâce auquel environ un millier de personnes ont bénéficié d’un « accueil citoyen » en France depuis le début de la guerre en 2011, ont pu s’intégrer en France, trouver du travail et reconstruire leur vie.

Aujourd’hui, les familles syriennes accompagnées par nos équipes sont très inquiètes, qu’elles soient en attente de départ pour la France depuis Beyrouth ou récemment arrivées et ayant déposé leur demande d’asile : elles se réjouissent du départ de Bachar el-Assad mais demeurent terrifiées à l’idée d’un retour.

Nous plaidons donc auprès du ministère de l’Intérieur et du consulat de France à Beyrouth pour la prise en compte de ces craintes et la poursuite de la délivrance des visas depuis le Liban.

Concernant les personnes en demande d’asile en France, s’il est courant pour l’OFPRA de suspendre ses décisions lors de bouleversements dans le pays d’origine, dans l’attente d’une situation plus stable, nous sommes confiants que seront considérées avec toute l’attention nécessaire les demandes de personnes qui peuvent démontrer que […]