Les coupes drastiques de l’administration Trump dans le budget de l’aide au développement visent aussi le secteur du planning familial et de l’aide à la contraception. Un collectif américain de chercheurs et de journalistes indépendants estime, si elles se prolongeaient sur un an, qu’elles auraient pour conséquence 17 millions de grossesses involontaires, 5 millions d’avortements à risques, et 34 000 décès. C’est le bilan chiffré d’un malheur qui frappe triplement les populations les plus pauvres : en refusant aux femmes de vivre dignement, en laissant libre cours au fléau économique et écologique de la surpopulation, en faisant naître des enfants qui ont pour seule perspective de vie la misère et la violence.

Ces coupes correspondent aux convictions anti-avortement et pro-natalistes de la base évangélique de l’électorat de Trump. Ainsi, une croyance qui se réclame de la religion chrétienne impose sa morale à d’autres, y compris des non-chrétiens, causant des souffrances humaines innommables.

Ma génération a grandi avec la conviction que les périodes sombres du christianisme, celles de l’Inquisition, du bûcher de Servet et de la persécution des huguenots, appartenaient au passé. En réalité, elles resurgissent devant nous. 

Dans La Subversion du christianisme, Jacques Ellul conclut son commentaire de la parabole de l’homme qui construit sa maison sur le roc ou sur le sable (Mt. 7 : 24-27) par ces mots : « nous pouvons dire que la pratique est le critère décisif de la vie et de la vérité ». Il a raison : une foi dont la mise en pratique conduit à la souffrance et à la mort est une foi bâtie sur le sable. Elle est une perversion du message d’amour du Christ.

Martin Rott, juriste, pour « L’œil de Réforme »

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