L’armée russe poursuit son offensive et les bombardements s’intensifient. En début de semaine, des images terribles sont apparues dans la presse puis sur les réseaux sociaux. Celles d’une famille — un homme, une femme et leurs deux enfants — gisant sur le sol, sans vie, bagages encore à la main. En pleine évacuation, la famille tentait de s’enfuir. Mais un mortier russe s’est écrasé sur la route qu’elle empruntait. Et tous les quatre sont morts. La scène s’est déroulée le dimanche 6 mars, à Irpin, une ville située à quelques kilomètres de Kiev et qui est donc stratégique puisqu’elle est située sur la route de la capitale ukrainienne, encerclée et dont les forces russes souhaitent s’emparer. Irpin est ainsi pilonnée sans relâche. En quelques jours, près de 10.000 habitants ont quitté la ville, rapporte France TV, qui a interrogé un Ukrainien sur place : “Ils tuent des gens sans raison. Tout ça est tellement dur pour la population, c’est de la folie”.
Dans le nord-ouest du pays, la deuxième ville du pays, Kharkiv, reste la cible de bombardements. Des ONG dénoncent des crimes de guerre imputables à l’armée russe. La cour pénale internationale et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont ouvert des enquêtes, note France Info, qui a pu recueillir le témoignage de Olga Gouzva, 42 ans. Elle a vu l’université de sa ville, le stade, la bibliothèque et l’hôpital détruits : “Ils tirent sur les zones résidentielles, sur les maisons, sur les appartements, les hôpitaux où il y a des femmes enceintes. Ils tirent même sur les queues devant les magasins où les gens viennent acheter de l’eau. Donc oui, la cible, ce sont les civils. Et ils en sont conscients parce que les soldats russes qui ont été capturés le disent : ils savent qu’ils sont venus ici pour tuer les gens. Pendant les évacuations, ils ont tiré sur des gens qui essayaient de partir avec des enfants, des personnes âgées. C’est une attaque terroriste sur toute la population… Il n’y a plus d’endroit où on peut être en sécurité dans ce pays”.
Pas de respect pour le droit humanitaire
Pourtant, lundi 7 mars, le Kremlin a annoncé l’ouverture de plusieurs couloirs humanitaires et l’instauration de cessez-le-feu locaux pour évacuer des civils. “Lundi matin, le ministère russe de la Défense a annoncé l’ouverture de plusieurs couloirs humanitaires et l’instauration de cessez-le-feu locaux afin d’évacuer des civils de la capitale ukrainienne, Kiev, ainsi que des villes de Kharkiv, Marioupol et Soumy, en proie à de violents combats. Les routes d’évacuation prévues par Moscou permettent seulement aux civils de quitter leur pays vers la Russie ou la Biélorussie, de facto occupée par les forces russes : l’alternative qui leur est ainsi offerte est soit de rester sous les bombes, soit de se réfugier en territoire ennemi”, écrit un édito du journal Le Monde.
Ce dernier déplore d’ailleurs que “le président Vladimir Poutine n’a guère plus de respect pour le droit humanitaire qu’il n’en a pour le droit international dans son ensemble. Samedi 5 mars, puis dimanche, deux cessez-le-feu négociés pour permettre aux civils de fuir la ville portuaire de Marioupol, assiégée et pilonnée, ont été violés”. Le 2 mars, l’Institute for the Study of War (ISW), indiquait déjà, selon Libération : “Les forces russes chercheront probablement à forcer Marioupol à capituler en détruisant les infrastructures essentielles et en tuant des civils pour créer une catastrophe humanitaire, une approche qu’ils ont déjà adoptée à plusieurs reprises en Syrie”. Pendant ce temps, ce sont plus de 2 millions d’Ukrainiens ont fui le pays.