Au beau milieu de l’effervescence du carnaval, c’est un défilé très inhabituel qui traverse Rio de Janeiro : en lieu et place de costumes plus éclatants, légers et moulants les uns que les autres, ces carnavalistes portent des tee-shirts amples ornés de slogans chrétiens. Parmi eux, l’alcool est proscrit ; pour se désaltérer, ils ne consomment que de l’eau. De part et d’autre de ce cortège, on agite de grands drapeaux à la gloire de Jésus. « Nous voulons porter l’amour de Dieu dans la rue », déclare une femme un peu essoufflée à force de danser. « Rio doit être libérée de toute la violence, la délinquance et la dureté de cœur qui l’habitent », s’écrie-t-elle encore avant d’être de nouveau entraînée par la foule.
L’ambiance est aussi turbulente que dans le reste de la ville, où l’ivresse du carnaval règne sans trêve depuis plusieurs jours. Les Églises évangéliques ont d’abord appelé à organiser leur propre défilé, sur la légendaire plage de Copacabana. Lundi à midi, des centaines de personnes ont dansé au rythme du gospel et du rock, dans une température de 40°C. Une voiture à haut-parleur exhortait le «peuple de Dieu» à ne se laisser aller à aucune tentation, se contentant plutôt de se joindre au cortège. […]