Depuis 2000, la mortalité maternelle a chuté de 40% dans le monde, mais les progrès réalisés sont en perte de vitesse, alerte l’ONU qui s’appuie sur un rapport paru lundi 7 avril. Ainsi, dans le monde, une femme meurt toutes les deux minutes de complications liées à la grossesse et à l’accouchement. Des progrès dans la recherche et dans l’accès aux soins ont été effectués, ce qui explique la baisse de la mortalité maternelle. Plusieurs pays ont développé l’accès aux sages-femmes et aux soins de santé en milieu rural. « Les progrès réalisés ont ralenti depuis 2016, au point que la baisse de la mortalité maternelle est désormais bien trop lente pour atteindre les cibles des Objectifs de développement durable », indique l’ONU sur son site. Selon les dernières données chiffrées de l’ONU, 260 000 femmes sont mortes de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement en 2023. Selon Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, la quasi-totalité de ces femmes auraient pu survivre si elles avaient bénéficié d’un accès suffisant à des soins vitaux durant leur grossesse et pendant leur accouchement.

D’importantes inégalités régionales subsistent. Une femme en Afrique subsaharienne a 400 fois plus de risques de mourir en couches qu’une femme en Australie et en Nouvelle-Zélande. L’Afrique subsaharienne représente 70% de la mortalité maternelle dans le monde, en raison de taux de pauvreté élevés et de plusieurs conflits. Dans les autres régions, l’Afrique du Nord, l’Asie occidentale, l’Asie de l’Est et du Sud-Est, l’Océanie (à l’exception de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande), l’Europe, l’Amérique du Nord, l’Amérique latine et les Caraïbes, les progrès ont stagné après 2015.

Une mortalité maternelle évitable

« Les décès évitables dus à la mortalité maternelle sont profondément ancrés dans la pauvreté et les inégalités », explique Dr Tedros. Ces décès évitables proviennent d’un manque de contraception, mais aussi de l’absence de contrôle durant la grossesse, de l’absence de suivi prénatal. Certaines femmes ne peuvent aussi se rendre que très tardivement dans des établissements de santé qui sont mal équipés ou dépourvus de médicaments. De même, ces établissements ne sont pas en mesure de prévenir, détecter et traiter des complications comme les hémorragies et les infections.

« La quasi-totalité de ces décès ont lieu dans des pays et des communautés à revenu faible ou intermédiaire, ces mêmes pays et communautés qui seront les plus durement touchés par les coupes actuelles dans le financement de la santé mondiale », alerte le directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé. Avec le retour de Donald Trump à la tête des États-Unis, plusieurs aides humanitaires ont diminué, ce qui inquiète l’OMS. « Nous allons être confrontés à des vents contraires de plus en plus forts », anticipe le docteur Bruce Aylward, sous-directeur général à l’OMS, cité par Le Monde. Il a ainsi expliqué que la réduction de l’aide affecte l’accès aux médicaments et au matériel médical mais aussi au personnel qualifié.

Le chef de l’OMS demande d’élargir l’accès aux services de soins maternels et d’accorder une attention particulière aux services et aux compétences des professionnels de santé. « La question n’est donc pas de savoir si nous pouvons mettre fin aux décès maternels évitables, mais si nous y parviendrons », conclut-il.