Historiquement, tout aurait commencé autour d’une bière. C’était dans les années 1960 et cette bière initiale fut partagée par le doyen de l’Église luthérienne de Munich et Albert Greiner, alors inspecteur ecclésiastique de Paris.
Rapprochement d’après-guerre
La dernière guerre mondiale n’appartenait pas encore au passé lointain, le rapprochement franco-allemand prenait de l’ampleur et les dirigeants d’Églises s’interrogeaient sur ce que les Églises pouvaient faire, à leur niveau, pour y contribuer. Ainsi naquit le jumelage « Paris-Munich », aussi appelé « semaine luthérienne », car son point d’orgue était la réunion annuelle, autrefois une semaine entière de rencontres, d’échanges, de célébrations bilingues, de discussions à thème, de visites… Les temps de voyage se sont raccourcis, mais les rythmes de vie ont amené à se concentrer aujourd’hui sur un week-end, plus accessible aux personnes qui travaillent ou font des études. Le principe est resté le même, conjuguant accueil chez l’habitant et temps dans la paroisse jumelle avec des activités en assemblée plénière. Les dimensions spirituelles de la rencontre laissent toujours aussi un moment pour une découverte touristique.
La fraternité au-delà de la langue
Après deux années de rendez-vous par visio-conférence, une délégation de l’inspection luthérienne de Paris a à nouveau pu se rendre à Munich du 1er au 3 avril derniers. La ville était recouverte de neige et l’est restée pendant trois journées froides mais lumineuses, comme hors du temps. Plus nombreux qu’attendus pour cette première édition où le Covid continue à sévir, issus de sept des 19 paroisses de l’Église régionale, nous étions une bonne vingtaine, âgés entre 21 et 81 ans, dont beaucoup ne parlaient pas un mot d’allemand. Qu’à cela ne tienne, à Paris-Munich la traduction simultanée est d’usage et on arrive toujours à se comprendre. Beaucoup venaient également pour la toute première fois, y compris de paroisses dépourvues de « jumelles » à Munich ! Qu’à cela ne tienne non plus, l’accueil a été des plus chaleureux dans des paroisses motivées pour nouer ou renouer du lien.
Une Bavière sécularisée
Pourquoi cet engouement inattendu alors qu’on peinait à intéresser des jeunes et à attirer de nouvelles personnes à « Paris-Munich » ? Chacun choisira sa réponse : le Covid et l’envie de voyager, de (re)découvrir un étranger proche mais inaccessible pendant longtemps ? Ou la guerre en Ukraine et la prise de conscience que la paix ne va pas autant de soi qu’on le pensait encore récemment, contrairement aux années 1960 ? Ou simplement la soif de vivre des moments forts en Église, avec des frères et sœurs d’ici et d’ailleurs, dans une même foi et la diversité des langues ? De découvrir et d’apprendre les expériences des autres, qui s’avèrent différentes mais pas aussi éloignées qu’on le pensait ? En effet, un des premiers préjugés à abandonner aura été que Munich est une ville essentiellement catholique. La sécularisation n’épargne pas la Bavière, et le défi d’être présent comme Église et paroisse dans un environnement en pleine mutation, d’inventer de nouvelles façons de vivre l’Église, nous est commun. Peut-être de quoi alimenter nos réflexions lors d’un prochain week-end « Paris-Munich » ? Rendez-vous a déjà été pris pour les 12-14 mai 2023. Ce sera à Paris cette fois, et ouvert à tous, germanophones ou pas !