Près de 7 millions de déplacés à l’intérieur du même pays. C’est le bilan, terrible, établi en octobre 2023 par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui tentait alors d’évaluer l’impact sur la population civile des conflits en République démocratique du Congo (RDC). C’est aussi la dernière évaluation chiffrée dont on dispose à ce jour, mais elle est certainement déjà dépassée par la poursuite des violences dans l’Est du pays. Ce bilan est à mettre en rapport avec les dimensions de l’État : plus grand pays d’Afrique francophone, la RDC a une superficie comparable à celle de l’Europe occidentale.
C’est aussi un pays richement doté en ressources naturelles exceptionnelles : cobalt, cuivre, diamants et « terres rares » comme le coltan, crucial pour produire des smartphones ; sans compter une faune et une flore exceptionnelles, la RDC comptant sur son sol la deuxième plus grande forêt tropicale du monde. Mais toutes ces ressources profitent peu à la population, et elles sont même une malédiction : elles sont les enjeux de tous les conflits. En dépit – ou à cause – de toutes ces richesses, la RDC figure parmi les cinq nations les plus pauvres du monde. En 2023, environ 74,6% des Congolais vivaient avec moins de 2,15 dollars par jour. Environ une personne sur six vivant dans une extrême pauvreté en Afrique subsaharienne habite en RDC.
L’Est du pays fait partie des régions les plus instables. Depuis fin 2021, la situation sécuritaire s’est gravement détériorée dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, où des milliers de personnes ont dû fuir les affrontements entre l’armée congolaise et des groupes armés. Régulièrement, les combats entre les rebelles du M23 et des groupes armés pro-gouvernementaux se rapprochent de Goma, ville de plus d’un million d’habitants située tout près de la frontière rwandaise. C’est là que se trouvent […]