Je rappelle d’abord que la Nouvelle-Calédonie est une terre qui appartient provisoirement à la France, car inscrite par les Nations unies comme « terre à décoloniser ». L’accord de Nouméa (1998), auquel j’ai participé en tant que juriste, prévoyait jusqu’à trois référendums sur la question. Or le troisième référendum devait avoir lieu en pleine épidémie de Covid. Le Premier ministre de l’époque, Édouard Philippe, avait demandé au président de la République de ne pas organiser le référendum à un tel moment. Les responsables kanak lui ont également écrit et nous avons été un certain nombre à faire de même à travers une tribune publiée dans Le Monde.
Le « dégel » du corps électoral
Le référendum a été maintenu, les Kanak l’ont boycotté. Et comme si cela ne suffisait pas, le président de la République a décidé de « dégeler » le corps électoral.
La Nouvelle-Calédonie était devenue une « colonisation de peuplement » depuis une circulaire de 1972. Objectif : empêcher les revendications d’indépendance. On a donc fait venir des Français, des Océaniens. Mais dans l’accord de Nouméa, il était déclaré que le corps électoral était « gelé » – ce territoire ne devait plus être une colonie de peuplement.
Alors, en réaction à la décision du président Macron, les Kanak ont créé la CCAT, la Cellule de coordination des actions de terrain, qui, à trois reprises, a organisé à Nouméa de très grandes manifestations de protestation. Jusqu’à 80 000 personnes ont défilé pacifiquement, pendant que les loyalistes avaient leur contre-manifestation. Par bonheur, sans débordements.
Est arrivé le 13 mai : le dégel du corps électoral est voté et, la nuit même, tout explose. Et au lieu de chercher les responsables de l’explosion, on cherche les responsables de la CCAT, qui avaient pourtant plusieurs fois alerté !
Mise en détention
Après 96 heures de garde à vue, sept des personnes arrêtées sont placées en détention provisoire. Le juge déclare alors les envoyer immédiatement aux quatre coins de l’Hexagone, sans pouvoir échanger avec leurs […]