Avec le fleurissement des salles de sport, l’engouement pour la diététique et la banalisation de la chirurgie esthétique, rarement dans l’histoire (du moins récente) d’une civilisation le corps n’a été l’objet d’autant d’attention. Une dévotion qui tourne à l’idolâtrie. Dans une société résolument individualiste, l’idole ce n’est plus seulement la statuette ou le gri-gri qui va nous préserver du mauvais sort. Non, le dieu c’est soi-même, sa propre personne, enveloppe corporelle incluse. Paradoxe de notre temps et de notre condition humaine, cette fascination pour le corps arrive à l’époque de la dématérialisation des données, du travail, des loisirs et des relations.
La publicité, les photos retouchées des réseaux sociaux, la pornographie et les péripéties des stars du sport, de la musique ou de la téléréalité renvoient une image dévoyée du corps. Objet de tous les fantasmes, ce dieu fini qu’est l’enveloppe physique devient une pierre d’achoppement et la cause de nombreuses addictions et troubles psychiatriques. Des adolescents se mutilent dans la recherche sans fin d’une identité de genre ou de groupe quand d’autres se privent de nourriture pour répondre à un idéal esthétique. Ce corps si vite adulé concentre vite la détestation. Il faut le faire souffrir et, pourquoi pas, le tuer? Si l’histoire s’arrêtait là, elle serait triste et l’observation de cette civilisation qui se renie laisserait un goût amer.
Il existe pourtant une histoire de corps qui vient rejoindre la nôtre. Elle est célébrée chaque […]