Mon expérience en tant que père de trois garçons sans handicap, combinée à ma propre histoire d’enfance et d’adolescence en tant que personne handicapée, me permet de partager des réflexions nuancées sur ce sujet complexe. Le handicap est toujours une contrainte supplémentaire !
Parent et handicapé
Mon voyage personnel a été marqué par des préjugés et des défis dès mon plus jeune âge. Les regards interrogateurs, les commentaires condescendants, et les doutes quant à ma capacité à mener une vie « normale » ont été mes compagnons de route.
Ces préjugés ne se limitent pas aux interactions extérieures, mais ils se nichent parfois au cœur de nos cercles familiaux et sociaux. Je me suis souvent retrouvé dans des situations délicates, devant prendre des décisions nuancées et adaptées alors que ma seule réaction spontanée était une légitime colère. Le handicap est un nuancier de relations humaines !
Les lois sur le handicap ont été mises en place pour transformer les perceptions et les attitudes. Pourtant, les préjugés subsistent ; la vigilance doit être constante pour qu’ils soient dépassés. Le changement prend du temps, mais il est possible. Le handicap nous amène à nous interroger quant à l’ontologie.
Parents d’enfant handicapé
Comme psychologue et parent porteur de handicap, je me trouve dans une position privilégiée pour analyser et comprendre les enjeux. Mes conseils aux parents d’un enfant handicapé sont guidés par cette posture unique, combinant mon expérience personnelle et mon expertise professionnelle.
Ces parents doivent se voir avant tout comme des parents aimants, quel que soit le handicap de leur enfant. C’est la qualité de l’amour et du soutien qu’ils lui offrent qui importe le plus. Il est essentiel qu’ils communiquent ouvertement et établissent un dialogue franc avec lui sur la réalité de son handicap. Répondre aux questions et aux préoccupations de l’enfant peut favoriser une meilleure compréhension et acceptation. Le handicap demeura toujours le « miroir de l’être », blessé mais pas anéanti. Un réseau de soutien solide, qu’il s’agisse de la famille, des amis ou de professionnels de la santé, est précieux : les parents peuvent solliciter l’aide dont ils ont besoin, au bon moment et auprès de la bonne personne.
La parentalité est un voyage collectif. La résilience peut être cultivée au sein de la famille. Les obstacles sont surmontés avec patience, persévérance et un soutien adéquat. Enfin, j’encourage les parents à célébrer les réalisations de leur enfant handicapé, qu’elles soient grandes ou petites ; toutes sont des victoires. Une telle attitude renforce la confiance en soi des enfants et les liens familiaux.
Même si être parents d’enfant handicapé ne relève pas d’un choix (sauf en cas d’adoption), cette contrainte constitue un défi à relever. Non pour s’afficher comme « super parents » mais pour apprendre à découvrir et accompagner ces vies déconcertantes, s’entraîner à devenir meilleur avec ses balbutiements, rechercher en permanence l’équilibre qui se trouve uniquement dans le mouve ment du corps et de l’âme !
Jean-Baptiste Hibon, psychosociologue, diacre permanent du diocèse de Lyon