Le ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye avait annoncé une conférence de presse jeudi 11 mai 2023, pour présenter son plan sur la mixité sociale à l’école. Déjà reportées plusieurs fois, les annonces ont été différées au mercredi 17 mai, et seules quelques informations ont été transmises par SMS à la presse après une réunion avec les recteurs d’académie jeudi.

Le journal Le Monde explique que le ministre a dû revoir ses ambitions à la baisse, après avoir promis de faire de la mixité sociale l’une de ses priorités. L’enjeu était d’éviter la ségrégation et les inégalités scolaires, en mélangeant davantage les origines sociales dans les écoles.

Pap Ndiaye s’était d’abord félicité d’être le premier à proposer un accord avec l’enseignement privé depuis trente ans, et se montrait déterminé à engager des mesures, sensibles sur le plan politique. Mais les mesures ne contiendront aucun objectif contraignant pour l’enseignement privé, et aucune annonce nationale n’a été faite.

Créer des filières d’excellence

Pour lutter contre la ségrégation sociale à l’école, le ministre a proposé jeudi 11 mai aux recteurs académiques de l’Éducation nationale une « boîte à outils », selon Le Monde. Pour que les académies puissent « réduire les différences de recrutement social entre établissements de 20 % d’ici à 2027 », plusieurs instruments sont évoqués.

Il y a d’abord l’idée d’implanter des filières dites « d’excellence » dans les établissements défavorisés, pour les rendre plus attractifs auprès des familles les plus favorisées. Les établissements REP (réseau d’éducation prioritaire) pourraient donc ouvrir des classes bilangues et des sections internationales, alors que ces classes étaient jusqu’ici surtout implantées dans les établissements favorisés.

Des expérimentations dans plusieurs académies

Depuis 2015, une cinquantaine d’expérimentations ont déjà été mises en place dans le secteur public, dans les académies de Paris, Rennes ou encore Nancy. Des options rares et courtisées, comme les « arts de la scène et du spectacle vivant », par exemple, ou bien un pôle lié au sport, ont été créées dans des établissements défavorisés.

Le Parisien indiquait aussi, en 2016, que Paris allait expérimenter quatre secteurs multicollèges dans trois arrondissements. L’affectation de chaque élève de CM2 dans ces zones dépendrait alors non plus d’un seul collège, mais de deux. L’objectif, lancé dans vingt départements par l’Éducation nationale, était de casser les établissements ghettos.

Ces expérimentations ne peuvent toutefois pas s’appliquer aux établissements privés. Or, l’Éducation nationale rend public, depuis 2022, un indice de position sociale (IPS) des élèves qui montre que ces établissements sont « favorisés ». L’indice prend en compte le profil des parents des élèves, et donc leur milieu social. France 3 Bretagne indique, par exemple, que dans l’académie de Rennes, parmi les dix collèges avec la moyenne d’IPS la plus élevée, sept sont des établissements privés, en 2023.