Mal(re)traité: les ayants droits, les bénévoles et les salariés des associations parisiennes se mobilisent, dont la fraternité du Picoulet. Elles manifestaient devant la Caisse Nationale d’Assurance Vieilesse le 1er février.
Au cœur de l’actualité, la réforme des retraites, loin d’être acceptée par tous, soulève les foules et met la lumière d’autres situations problématiques dans le système de retraite français. Un collectif associatif retraite, auquel le Picoulet participe, s’est mobilisé le mercredi 1er février devant la CNAV (Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse) pour défendre le droit de tous les usagers à pouvoir bénéficier de leurs droits Retraite.
Pas d’internet, pas de retraite : une dématérialisation des services publics favorisant les inégalités d’accès aux droits.
Les associations parisiennes accueillent et accompagnent les publics par l’action de certains bénévoles, notamment les Écrivains Publics, ASL (Aides Sociaux Linguistiques), EPN (Espace Public Numérique) et l’Accueil. La numérisation des services publics est décrite comme étant “une révolution numérique” : trois ans après sa mise en place, où en est-on ?
La numérisation des services publics a comme objectif affiché de faciliter l’accès aux droits, mais aussi permettre un meilleur traitement des démarches administratives. Cependant, les politiques mises en place n’ont pas permis de réduire la “fracture numérique” selon le rapport de février 2022 du défenseur des droits « Services publics : trois ans après où en est-on ?« . Au contraire, une politique ne prenant pas en compte l’impossibilité de réaliser certaines démarches, par manque de ressources humaines et matériels, notamment les équipements défaillants ou inadaptés, les problèmes de connexion et le problème de
l’utilisation des appareils numériques met de côté une partie du public senior, et en même temps, l’impossibilité d’accéder à un “ conseil” pour le dossier administratif, que ce soit sur rendez-vous ou téléphonique.
La dématérialisation “à marche forcée” tend plutôt à la dégradation du service public pour les usager.e.s qu’à l’amélioration de ses services. En effet, elle accroît les inégalités d’accès aux droits, donc la précarité. Les associations proposant un accompagnement aux droits des retraités essaient tant bien que mal de répondre aux besoins des usagers. Cela dit, même avec toutes les bonnes volontés, cela ne suffit pas ! C’est pourquoi, un “collectif retraite” regroupant des associations parisiennes, s’est mobilisé pour dénoncer l’inégalité d’accès aux droits en raison de la dématérialisation du service public.
Se rencontrer et échanger pour mieux accompagner ?
Le “collectif retraite” dénonce les défaillances institutionnelles pesant sur les associations les limitant dans leurs actions, dans le sens où, sans appui ni reconnaissance, elles ne parviennent pas à répondre aux demandes du public. Le collectif a sollicité la direction de la CNAV mais face à l’indifférence des interlocuteurs et interlocutrices, le collectif s’est mobilisé en plusieurs étapes.
D’abord des échanges de courriers. Mais “après plusieurs mois d’interpellation, sous forme d’échange de courriers avec la direction de la CNAV, de publication d’une tribune (reprise par Médiapart le 13 octobre) et sans propositions concrètes, le collectif a décidé d’organiser une mobilisation mercredi 1er février à 10h devant le siège de la CNAV ” explique le Collectif retraite IDF dans un communiqué.
Interpellée par la publication dans Médiapart, Sylvia Noll, Directrice retraite et action Sociale Île-de-France, a invité le collectif à une réunion d’échange. Dans l’espoir d’avoir des réponses concrètes aux revendications, le collectif est venu accompagné des ayants droits, bénévoles et salarié·es des associations.
Entre revendication et réponse, à quoi s’attendre ?
“Accès pour tous aux droits à la retraite” tel est le message porté par le collectif des associations dans ce rendez-vous. Face aux défaillances institutionnelles, notamment l’impossibilité de réalisation certaines démarches auprès de la CNAV, le collectif a revendiqué une reconnaissance de l’accompagnement assuré par le secteur associatif, le respect du cadre légal en ce qui concerne les demandes de justificatifs adaptés à la demande, la mise en place d’une agence d’accompagnement pour permettre un accompagnement humain, équitable et accessible, et par-dessus tout une collaboration efficiente de l’organisme de la sécurité sociale chargé de ses missions. Le contenu de l’échange n’a toutefois apporté aucune solution concrète aux revendications. L’indifférence des organismes concernés interroge sur l’avenir de l’action des associations en la matière et met au grand jour la “face cachée” de la dématérialisation.
Pour aller plus loin : voir sur le site de la Fédération des centres sociaux et socioculturels de
Paris.
Aïna Brudey, responsable de la fraternité du Picoulet, Paris 12e