Poser un pied humain sur Mars, avant de la coloniser… L’idée fait rêver mais son application pourrait s’avérer impossible. En mai 2022, la Nasa a annoncé qu’elle souhaitait envoyer des astronautes sur Mars d’ici les années 2030 à 2040. L’agence spatiale américaine a publié un plan d’objectifs, avec pour but d’identifier les technologies nécessaires au maintien d’une présence humaine permanente sur la Lune et sur Mars, indique Geo.
Mais envoyer des humains sur la planète rouge pose de grands soucis logistiques et biologiques. Actuellement, un voyage sur Mars prend environ 260 jours, soit 500 pour un aller-retour, à condition que les planètes se rapprochent le plus possible dans le système solaire. Or, l’humain n’est jamais allé plus loin que l’orbite lunaire, à trois ou quatre jours de voyage de la Terre, explique Pierre Henriquet, docteur en physique nucléaire, pour Polytechnique Insights.
Un voyage long et dangereux
Lorsqu’un astronaute a un souci à bord, le vaisseau doit revenir tout seul sur Terre selon les lois de la mécanique spatiale. Mais dans le cas d’un voyage entre Mars et la Terre – entre six à neuf mois –, ce scénario n’est pas envisageable. Il faudrait imaginer un vaisseau capable de fournir de l’eau, de l’oxygène et de la nourriture à l’équipage, dans un environnement très hostile à la vie humaine.
Un système efficace de recyclage d’urine a été mené à bord de la Station spatiale internationale (ISS) pour recycler les urines, récupérer la vapeur d’eau de la respiration et en faire de l’eau potable. Mais malgré cette technologie, le risque du manque d’eau se pose toujours, sur un trajet aussi long. Il est également impossible d’emmener 12 à 18 mois de provisions dans une remorque derrière le vaisseau.
Des solutions concernant la nourriture existent pourtant, selon Polytechnique Insights. Depuis 2019, une expérience étudie le fonctionnement de certaines levures et bactéries pour produire des anti-oxydants, de la vitamine A ou des protéines. On pourrait imaginer, par la suite, des micro-organismes capables de recycler les matières solides humaines en protéines et graisses.
Les risques pour le corps humain
Les réactions biologiques du corps humain à l’environnement sur Mars constituent aussi un frein. Geo explique que, sur la planète rouge, la pesanteur est nulle dans le vaisseau qui transporte l’équipage. Or, l’absence de pesanteur sur des périodes longues provoque la décalcification : les os se fragilisent, les muscles s’atrophient, y compris ceux du cœur.
Là encore, ce phénomène peut être ralenti par des biotechnologies. Certains légumes produits à l’intérieur du vaisseau, et génétiquement modifiés, pourraient permettre de stimuler la croissance osseuse.
Enfin, il faut prendre en compte le facteur humain. Quelle capacité ont les astronautes à rester seuls, vivre en promiscuité 24h/24 sur une planète qui n’est pas la leur ?
Psychologiquement, les astronautes doivent aussi affronter la possibilité d’un aller sans retour. Pour voyager longtemps, il faut voyager léger, comme l’explique SciencePost, et le vaisseau ne peut donc pas contenir le carburant nécessaire pour le retour. À moins de trouver un système qui permette d’extraire du carburant du sol martien. La Nasa travaille actuellement à un tel projet, au moyen de la poussière de la planète rouge.