On a connu l’épidémie de Covid 19, saison 1, 2 et 3. Une mauvaise série digne de Black Mirror, et qu’on avait hâte d’oublier. Pour autant, on a désormais l’impression que les problèmes succèdent aux problèmes.
Les médias sont souvent pointés du doigt, pour attiser les sujets anxiogènes. Cette tendance n’est plus réservée aux chaînes spécialisées dans l’information-catastrophe (je ne vous les cite pas, vous les connaissez). Le service public y va lui aussi de sa larme à l’œil ou de ses annonces toutes plus alarmistes les unes que les autres.
Quelqu’un faisait récemment observer que les prévisions météorologiques ne font pas exception. Les cartes météo qui affichaient il y a quelques années des températures autour de 30°, avec des pictogrammes jaunes, sont désormais passées au rouge vif. Alerte, la terre chauffe et nous brûlons ! Comme si c’était une surprise…
Mais, même si chacun apporte sa part, tel le petit colibri courageux, est-il bien utile de nous alarmer avec une canicule hypothétique ? Souvenez-vous, l’hiver dernier, on devait connaître des coupures d’électricité – cette fois en prévision de froids polaires couleur bleu glacier. Eh bien, il n’en a rien été.
En revanche, je connais beaucoup de personnes qui ont très, très, mal dormi. Et d’autres qui se sont précipitées sur les alternatives au chauffage électrique – au point de créer à nouveau une pénurie de poêle à charbon ou à pétrole… Après la pénurie de pâtes ou de papier-toilette, il faut bien admettre que les Français sont d’excellents thésauriseurs.
Parmi les sujets dont les médias se régalent, on n’oublie pas la réforme des retraites, un hypothétiques remaniement ministériel, la guerre en Ukraine, la menace nucléaire ou les futurs ravages de l’intelligence artificielle sur les emplois…
Mais désormais, la « peur de tout » s’invite aussi dans les dîners en ville.
Si les complotistes ont connu leur heure de gloire, ils sont remplacés par les prévisionnistes experts en tous sujets.
Dans la série « on ne peut plus rien dire », certains thèmes sont à bannir des conversations même les plus amicales. Le wokisme fait rage sur tous types de sujets : féminisme, homophobie, racisme, transport aérien, habillement… qui déchainent des torrents d’avis circonstanciés. Ou même de non-avis, au prétexte que « ce sujet n’est pas un sujet », et qu’une doxa universelle prédomine désormais sur la question. Une banale discussion entre amies autour de l’épilation (un sujet dont, vous conviendrez, on ne saurait se passer) a failli tourner au pugilat entre les tenantes de la glabreté et les pourfendeuses du paternalisme subi. Bref…
Pendant ce temps-là, dans l’espace public, les choses ont également changé. Pour qui prend les transports en commun (surchargés, forcément surchargés), cela relève parfois de l’exploit. Certains de nos concitoyens voyageurs ne vont pas bien du tout. Si l’on était habitué aux personnes qui sollicitent notre générosité, il faut aussi compter à présent sur le cadre qui ronchonne, la vieille dame qui soliloque ou ricane ou cette personne à l’apparence banale, qui insulte tout le monde autour d’elle. Crispation dans le bus, tout le monde a la mâchoire serrée et regarde qui son téléphone, qui ses chaussures.
Dans la rue, ce sont des accrochages et disputes qui virent parfois au pugilat entre voiture et vélo, vélo et trottinettes, ou trottinettes et piéton – ce dernier étant le maillon la plus faible dans la chaine alimentaire de la circulation.
Et je ne parle même pas du bruit : motos, camions, sirènes des ambulances et des voitures de pompier nous vrillent les oreilles – et notre moral en même temps. Tout cela s’accumule et nous entraîne dans une course effrénée, incessante…
STOP !
Il m’arrive de plus en plus souvent de rêver que l’on puisse mettre tout cela sur pause. S’il vous plaît, arrêtez pour un moment le cours du monde, le bruit, la mauvaise foi, l’hyperréactivité et la misère étalée sous nos yeux impuissants… Est-ce que quelqu’un pourrait débrancher la saleté, les mauvaises odeurs, la chaleur ou la promiscuité ?
Serait-il possible d’avoir des conversations posées, joyeuses, voire positives ? Pourrait-on relayer des belles histoires, des expériences qui fonctionnent, des succès story réalistes et inspirantes ? Je rêve d’une pause de silence, juste pour apprécier, faire une halte, recharger les batteries et éventuellement repartir dans ce tourbillon vertigineux.
L’été approche et avec lui les vacances. Chacun aspire au repos. Soyons tous des acteurs de bien-être les uns pour les autres, en évitant les commentaires sarcastiques, le bruit intempestif, la suractivité. De temps en temps, ça fait vraiment du bien.