Le président Macron a réuni à Paris les chefs militaires de 34 pays pour élaborer « des garanties de sécurité crédibles » pour l’Ukraine en cas d’accord de paix. Les Européens tentent de revenir à la table des négociations. Doutant de la protection américaine sur l’Europe, ils répètent à tue-tête que Washington reste un « allié fiable » dans l’OTAN ! 

L’Ukraine demande un engagement diplomatique ferme : assistance militaire en cas d’agression russe, poursuite de la fourniture d’armements et défense antiaérienne, formation militaire et renseignement. Kiev réclame aussi des assurances contre la menace nucléaire russe, l’Ukraine ayant renoncé à ses armes nucléaires héritées de l’URSS lors du protocole de Budapest en 1994. Enfin, en l’état actuel de son armée, le président Zelensky demande le déploiement d’une force de 200 000 soldats. 

Les Européens sont en première ligne pour les fournir. Pourtant, sans les Américains et même avec les Britanniques, ils ne pourraient, du fait des « dividendes de la paix », aligner plus de 30 000 hommes dans la durée, compte tenu des relèves : soit pour une mission de surveillance de la ligne de cessez-le-feu, soit pour dissuader la Russie d’attaquer à nouveau en étant capable de la repousser victorieusement. Mais la France doit tenir compte de son statut de puissance nucléaire et de ses intérêts vitaux face au risque d’escalade. Certes, la Pologne et l’Allemagne se réarment mais la volonté de se déployer en Ukraine leur manquera. 

Il reste donc les États-Unis, visant un accord avec l’Ukraine pour sa reconstruction et ses ressources contre une garantie américaine. Elle repose, dans l’esprit de Trump, non sur les armes mais sur le rapprochement avec la Russie, conciliant leurs intérêts sur le long terme face à la Chine.

Général de division (2s) Jean-Fred Berger, pour « L’œil de Réforme »

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