Solidarité, un mot que nous entendons souvent, que nous utilisons aussi beaucoup dans les fraternités de la Mission Populaire. Dans notre association Frat’Aire, nous l’avons même choisi comme nom de notre projet associatif « Artisan de solidarité et d’espérance ». Mais qu’est-ce que la solidarité ? Et qu’est-ce-que cela implique dans notre façon d’agir au quotidien ? Voici une définition selon Wikipédia : « La solidarité est un devoir social ou une obligation réciproque d’aide et d’assistance ou de collaboration gracieuse qui existe entre personnes d’un groupe ou d’une communauté du fait du lien qui les unit. Il n’y a pas de solidarité en dehors d’un groupe fermé. »

« Devoir social », « collaboration gracieuse », « obligation réciproque », « groupe fermé » ? Est-ce que cette définition de la solidarité nous parle dans notre Frat. ? Profitant de cette période de carême, tant pour les chrétiens que pour les musulmans, temps très imprégné de cette notion de solidarité, de charité et d’aumône, prenons le temps de regarder comment elle se vit au quotidien chez nous.

Pour commencer, voici un petit portrait chinois. Si la solidarité était …, elle serait… :

Si elle était un animal, elle serait une fourmi. Qui de mieux que les fourmis pour exprimer la solidarité ? Les fourmis ne fonctionnent qu’ensemble. Solidaires, elles le sont incontestablement, elles savent même faire des ponts de leurs corps pour faire passer un obstacle aux autres. Elles font tout pour protéger les plus faibles : leurs larves. Celles-ci ne vivent que parce que les autres fourmis les nourrissent et les protègent. À chaque fourmi son rôle, c’est comme ça que la solidarité fonctionne, si chacun trouve sa place.

Si elle était un métier, elle serait un médecin ou un soignant quel qu’il soit. Parce qu’un professionnel de santé cherche toujours à trouver le moyen de soulager, de soigner, de guérir, d’aider à surmonter une maladie ou juste de nous apprendre à vivre avec. Dans notre Frat., beaucoup de personnes souffrent de divers soucis de santé plus ou moins handicapants. La solidarité, c’est être là pour proposer de l’aide, chacun à son niveau, et c’est aussi savoir que les autres sont là pour chacun d’entre nous dans une réciprocité fraternelle.

Si elle était un objet, elle serait une table. Parce qu’autour d’une table, tous peuvent se retrouver après avoir préparé, ensemble, un bon repas. C’est pour cela que les volontaires sont toujours présents pour s’occuper des repas solidarité de la Frat’Aire, même si c’est la galère, car nous manquons d’espace dans la petite cuisine. Et puis, il y a aussi ceux pour qui la solidarité s’arrête juste au repas et qui ne désirent pas partager plus avec les autres… pour le moment. Ils passent à côté de bons moments de vie parce que c’est aussi autour de la table que l’on discute, que l’on se pose, que l’on s’écoute, que l’on refait le monde ensemble.

On parle de quoi lorsqu’on dit « solidarité » ?

Pour notre fraternité, la solidarité, c’est celle vécue dans le partage réciproque. Elle n’est donc ni devoir social ni obligation. Elle est celle qui nous fait nous préoccuper de ceux qui sont dans le besoin, sans attendre de retour, sans obligation et sans une limite qui la réduirait à nos adhérents ou s’arrêterait sur leurs convictions. La solidarité n’est donc pas réservée à un groupe fermé. Non vraiment, la définition de Wikipédia ne nous correspond pas.

La solidarité pour les croyants est aussi nommée charité ou amour chez les chrétiens, « zakât », c’est-à-dire aumône, par les règles de la solidarité de l’islam, dont elle est l’un des cinq piliers, ou aussi « tsedaqa » dans le judaïsme qui désigne la charité, mais plus précisément : la justice. Pourtant, dans nos fraternités, pas besoin d’être croyant ou d’afficher ses convictions pour vivre la solidarité. Il suffit juste d’aimer et de savoir tendre la main à ceux qui ont besoin que l’on partage avec eux notre pain ou juste un moment d’attention. La solidarité, pour nous, c’est avant tout de la bienveillance qui nous nourrit mutuellement et qui nous porte. Elle est surtout ce lien fraternel nous rend plus solide ensemble.

Véronique Megnin bénévole à la Frat’Aire, Fraternité Mission Populaire de l’Aire Urbaine (Pays de Montbéliard)