Le Sultan Ahmed al-Jaber fait beaucoup parler de lui depuis l’ouverture de la Conférence de Dubaï sur les changements climatiques (COP28). Ce ministre de l’Industrie au sein du gouvernement des Émirats arabes unis est le président du sommet de l’ONU, qui s’est ouvert jeudi 30 novembre. Mais il dirige aussi l’une des plus grandes entreprises pétrolières au monde.
BFMTV en fait le portrait et décrit un dirigeant bien occupé. À 50 ans, l’émirati est PDG d’ADNOC, la principale firme pétrolière de son pays. Il est président de Madsar, une grande entreprise d’énergie renouvelable qui construit depuis quinze ans une « ville verte » dans le désert. Mais il est aussi ministre de l’Industrie et des Technologies avancées depuis 2020, au sein du gouvernement fédéral émirati.
Un dirigeant sur tous les fronts
Avant de devenir président de la COP28, le sultan a été l’envoyé spécial des Émirats arabes unis pour le climat à l’ONU, et a participé à onze COP, dont les Accords de Paris en 2015. Ses missions dans des conférences internationales pour le climat ne l’empêchent pas d’être un redoutable homme d’affaires. Selon Sky News, le pays doit investir 54 milliards de dollars dans l’énergie renouvelable d’ici à 2030. Mais ADNOC, la compagnie pétrolière du sultan, a prévu de dépenser une somme trois fois supérieure, d’environ 150 milliards de dollars, pour augmenter ses capacités de production de pétrole et de gaz d’ici à 2027.
La controverse semblait déjà à son point d’orgue lorsque le sultan al-Jaber a ouvert la COP28, jeudi 30 novembre. Les ONG environnementales lui reprochaient alors un conflit d’intérêts entre sa fonction à la conférence internationale et son titre de PDG d’une entreprise pétrolière. Mais une enquête de la BBC a rendu la situation encore scandaleuse, indique france info : Ahmed al-Jaber est accusé d’avoir profité de son poste pour conclure des marchés dans les énergies fossiles.
Des réunions pour conclure des marchés ?
L’enquête s’appuie sur 150 pages de « briefing » préparées par l’équipe de la COP28 pour des rencontres entre le sultan et des représentants d’au moins 27 gouvernements étrangers avant le sommet. Ils visent à avoir des « points de discussion » avec la Chine ou encore la Colombie sur les « opportunités internationales » de la compagnie dans le gaz naturel liquéfié au Mozambique, au Canada et en Australie. Un document suggère aussi à un ministre colombien que la société ADNOC est prête à aider le pays à développer ses ressources en énergies fossiles.
Dès la veille de l’ouverture de la COP, Ahmed al-Jaber a fermement démenti ces informations auprès des journalistes. L’affaire pourrait bien entacher le sommet mondial, qui se tient du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï.