Il était l’un des symboles du nouveau quinquennat d’Emmanuel Macron, à sa nomination en mai 2022. Pap Ndiaye ne sera pourtant pas reconduit au ministère de l’Éducation nationale, après le remaniement gouvernemental annoncé jeudi 20 juillet.
Historien des minorités, Pap Ndiaye est un intellectuel de gauche issu de la société civile, et l’un des rares ministres noirs dans l’Histoire de France. Il a été malmené tout au long de son ministère, jusqu’à une dernière séquence d’attaque publique contre Vincent Bolloré. Cette dernière salve lui a-t-elle été fatale ?
Le nouveau casting du gouvernement signe le renouvellement du mandat de Première ministre d’Élisabeth Borne. Les figures de la société civile, engagées en 2022, y sont moins présentes, remplacées par de pures personnalités politiques, explique RTL. Cinq députés Renaissance à l’Assemblée nationale ont été choisis pour diriger certains ministères, au détriment de personnalités fidèles à Emmanuel Macron comme Marlène Schiappa, Secrétaire d’État chargée des Solidarités.
Un style dur à imprimer
Gabriel Attal a été nommé au ministère de l’Éducation nationale en remplacement de Pap Ndiaye. Âgé de 34 ans, il est l’une des jeunes figures montantes de Renaissance, et était auparavant ministre délégué au budget. Il avait débuté comme secrétaire d’État auprès de Jean-Michel Blanquer sous le précédent quinquennat.
Pap Ndiaye cède donc sa place à une personnalité très politique, après avoir eu des difficultés à imprimer sa marque dans le gouvernement Borne. Le changement de style ministériel, lors de sa nomination, avait pourtant été très bien accueilli par le milieu enseignant comme l’explique Le Monde. Les professeurs ont loué son écoute, sa personnalité de gauche était perçue comme un atout.
Mais sa méconnaissance du système éducatif a vite été raillée. Les négociations avec les partenaires sociaux se sont étirées, jusqu’à ce les syndicats d’enseignants claquent la porte début mars 2023 pour protester contre le « pacte » enseignant d’Emmanuel Macron.
La personnalité de Pap Ndiaye s’est aussi effacée derrière celle du Président. Lors de certaines de ses apparitions publiques, le ministre est resté silencieux face à lui, alors que de nombreux débats explosifs ont été lancés par Emmanuel Macron, comme la réduction des vacances d’été.
Attaqué par l’extrême-droite
Le ministre n’a pas non plus bénéficié du soutien du Gouvernement lorsqu’il a fait de la mixité sociale à l’école une de ses priorités. L’enseignement catholique a bien signé un protocole avec l’Éducation nationale, mais sans objectif contraignant.
Pap Ndiaye a aussi été attaqué de toutes parts par l’extrême-droite durant son mandat. Régulièrement taxé de « wokisme » par des personnalités comme Philippe de Villiers, il a même été traité d’« indigéniste » par Marine Le Pen.
Sa dernière salve contre CNews, à l’antenne de Radio J, lui a coûté cher. Qualifiant la chaîne de « média d’extrême-droite », il a été conspué par Les Républicains qui ont soutenu CNews. Il n’a pourtant pas obtenu le soutien public des ministres du Gouvernement, ni celui d’Emmanuel Macron, qui a fini par le relever de ses fonctions.