J’ai passé ma vie dans les hôpitaux. Cela ne m’empêche pas de dire que notre système de santé, trop centré sur l’hôpital, fonctionne à l’envers. Notre organisation des soins repose principalement sur des structures hospitalières, alors qu’une grande partie de la prise en charge devrait être coordonnée et déployée au plus près des patients, dans leurs territoires.

Le système de soins doit être organisé autour des médecins généralistes et spécialistes, mais aussi des pharmaciens, infirmiers et bien d’autres acteurs de santé de proximité. Dans les territoires, doivent se structurer les principaux piliers de la santé : la prévention, qui inclut la sensibilisation aux bonnes pratiques et les campagnes de vaccination, la prise en charge globale, en tenant compte des besoins médicaux, psychologiques et sociaux, les urgences de premier recours, gérées en lien direct avec les maisons de santé, et l’accompagnement social, essentiel pour les patients les plus vulnérables.

Les hôpitaux locaux doivent renforcer leurs liens avec les structures de proximité. Quant aux Ehpad, ils doivent être pleinement intégrés dans ce réseau territorial afin de garantir une meilleure coordination des soins et un suivi adapté à nos aînés. L’hôpital de référence doit redevenir un recours accessible à moins de 45 minutes pour les accouchements et les soins non spécialisés, et, s’il est plus éloigné, pour les soins spécialisés et la prise en charge des maladies chroniques ou complexes.

Le système de santé idéal repose sur la solidarité territoriale : chaque acteur joue un rôle complémentaire et coordonné. L’hôpital ne doit plus être le centre unique, mais l’un des maillons d’une chaîne de soins efficace et humaine. Il est temps de redonner toute leur place aux soins de proximité dans les territoires.

Thierry Philip, professeur de cancérologie, pour « L’œil de Réforme »

S’abonner à « L’œil de Réforme »