Il fut un temps où il semblait impossible d’interdire de fumer, que ce soit dans les avions, les trains, les restaurants ou le lieu de travail. Une telle interdiction semblait être une atteinte à la liberté de chacun. Mais les choses ont changé. Personne aujourd’hui ne considère qu’interdire de fumer dans les lieux publics est une atteinte à la liberté.

Le problème de l’anonymat

De la même manière, il semble pour certains qu’il ne faut pas réguler les réseaux sociaux. Pour eux, ce serait une atteinte à la liberté d’expression. La société accepte donc que certaines personnes soient insultées, harcelées, et quelquefois même poussées au suicide, tout cela au nom de la liberté. Certes, les insultes et le harcèlement ont toujours existé, mais leur démultiplication par les réseaux sociaux leur a donné une force effroyable. Il est évident que, si chacun déclinait son identité, cela calmerait un peu le jeu. Comment insulter quelqu’un si on risque de le rencontrer le lendemain dans la rue ou au bureau ? Savoir aussi qui vous insulte ou vous harcèle vous permet, selon le cas, soit de hausser les épaules, soit de porter plainte. La levée de l’anonymat n’empêcherait pas la liberté d’expression, mais serait un frein à la lâcheté et à la grossièreté gratuite. Pour autant, le problème ne serait pas réglé ; il y a, en effet, des gens qui insultent et harcèlent sans vergogne, en affichant leur nom. C’est même une spécialité de certains politiques qui ont compris que les médias s’intéressent davantage aux gens provocateurs et grossiers qu’aux personnes modérées et polies.

Le règne de la manipulation

Si le problème de la régulation des réseaux sociaux se pose au niveau des individus, il se pose aussi au niveau des États. Jusqu’à présent, l’Europe était la cible […]