Le Maroc plonge aujourd’hui dans la douleur, après avoir connu le plus puissant séisme enregistré sur son territoire, vendredi 8 septembre. De magnitude 7, il s’est produit sur la chaîne montagneuse du Haut Atlas et a fait plus de 2 100 victimes, selon le dernier bilan provisoire du ministère de l’intérieur marocain. Plus de 2 400 blessés sont recensés dont 1 400 en état grave.
Le Centre national pour la recherche scientifique et technique, basé à Rabat, a indiqué que l’épicentre se situait dans la province d’Al-Haouz, au sud-ouest de la ville de Marrakech. La force du tremblement de terre a étonné plus d’un expert, car le risque sismique est habituellement plus concentré dans le nord du pays. La majorité des séismes se produisent autour du détroit de Gibraltar, à la frontière des plaques africaines et européennes.
Dans une interview pour France 24, Florent Brenguier, sismologue à l’institut des Sciences de la terre de l’Université de Grenoble, explique pourquoi la catastrophe s’est produite dans l’Atlas. Cette zone montagneuse est à risque : les tremblements de terre sont moins fréquents que dans le nord, mais leur magnitude peut être importante.
Des montagnes en mouvement
De grandes failles se sont en effet développées sur des milliers d’années, à l’échelle du temps géologique. Les chaînes montagneuses du Maghreb, comme en Algérie, sont toutes sujettes à ces phénomènes sismiques.
Le sismologue confirme toutefois qu’il est rare d’observer de si gros séismes dans une zone qui n’est pas située à l’interface entre des plaques tectoniques. Mais c’est bien ce qu’il s’est passé à Agadir en 1960 : la ville, située sur la côte atlantique sud du pays, a vécu un séisme particulièrement traumatisant. Il a entraîné la mort de 12 000 personnes et a quasiment détruit toute la ville.
Dans Le Monde, Robin Lacassin, géologue et tectonicien à l’Institut de physique du globe de Paris et au CNRS, explique la raison de ces séismes. Il s’agit de zones de compression, dans les chaînes montagneuses, liées à la tectonique des plaques.
Des infrastructures peu résistantes
La croûte terrestre perd parfois de sa rigidité, notamment dans les zones de relief comme les massifs montagneux. Elle se déforme alors par cassures, c’est-à-dire en failles, selon le terme géologique. Ce phénomène de cassure permet aux énergies accumulées dans les matériaux de se disperser. L’énergie se disperse alors très rapidement sous forme de vibrations qui s’éloignent de la faille.
En fonction de la force du séisme, les infrastructures sont plus ou moins résistantes. Or, dans les zones touchées par le tremblement de terre du vendredi 8 septembre, de nombreuses constructions sont anciennes et vulnérables. Dans la vieille ville de Marrakech, et dans les villages du Haut Atlas, les bâtiments n’obéissent pas aux normes antisismiques et sont construits de manière traditionnelle, explique Robin Lacassin au Monde.
En outre, il faut comprendre qu’un séisme a toujours des répliques. Elles pourraient donc se produire dans les prochaines semaines, bien qu’elles soient généralement de magnitude plus faible que la secousse principale. Des répliques de magnitude 5 ou 6 pourraient toutefois être atteintes.