Ainsi titrait Réforme par la voix de notre cher André Dumas au lendemain du 10 mai 1981. Fidèle à la ligne pluraliste des origines, le journal donnait la parole à tous, vainqueurs comme vaincus, sans parvenir toutefois à cacher une certaine jubilation. Les articles « On a gagné », « L’orage de la joie », « La fête fraternelle »… pouvant difficilement passer pour de la prudence et assurer l’équilibre des positions. La légende de Réforme raconte qu’au lendemain de ce 10 mai les désabonnements se sont comptés par centaines ! Impossible à vérifier cependant aujourd’hui.
« Nous avions alors le sentiment que tout était possible, l’engagement politique d’hommes et de femmes mus par un idéal pouvait changer les choses », nous rapporte ici un des participants à cette aventure. Le théologien André Dumas consacrait plutôt, quant à lui, l’avènement de l’alternance politique. Ce qui venait d’arriver se nommait « décrispation », « réconciliation » – d’où son « Ça y est ! ». On parlait déjà d’« état de grâce ». Des mots d’origine théologique, note-t-il.
Mais justement, cette attente et ces espoirs quasi eschatologiques n’étaient-ils pas déjà annonciateurs de ce qu’il allait advenir : la désillusion, les espoirs déçus, sans parler des zones d’ombre des années Mitterrand ? Illusions et désillusions qui font avec le recul furieusement penser au livre de […]