Vous pensiez bien faire en réalisant la plupart de vos opérations sur internet ? Vous n’êtes pas le seul à entretenir cette illusion. Car, malheureusement, la transition numérique ne rime pas vraiment avec transition énergétique.

On estime qu’internet consomme 15% de l’électricité mondiale – soit la consommation de l’Allemagne et du Japon réunis. La lutte contre la pollution numérique, ne s’arrête pas à l’électricité – dont les data-centers sont des consommateurs gourmands. Greenpeace définit cette pollution numérique comme « toutes les formes de pollution engendrées par le secteur informatique : émissions de gaz à effet de serre, contamination chimique, érosion de la biodiversité, production de déchets électroniques. ». Et ceci concerne tout le cycle de fabrication, d’exploitation puis de traitement des déchets de la chaîne de production du numérique. Car même si internet est immatériel, ce sont des supports bien réels qui sont nécessaires pour le faire fonctionner : ordinateurs, serveurs, câbles, antennes, terminaux… Une industrie qui a des impacts sur l’extraction et la raréfaction des minerais, l’exploitation des populations, l’équilibre des éco-systèmes…

Des chiffres qui laissent pantois

  • Envoyer un mail avec une pièce jointe équivaut à la consommation d’une ampoule basse consommation pendant une heure
  • Envoyer 20 mails par jour pollue autant que parcourir 100 kms en voiture
  • 12 milliards de mails sont envoyés chaque heure dans le monde, soit la consommation en une heure de 18 centrales nucléaires, ou 1000 allers-retours Paris/New-York
  • Netflix consomme 15% de la bande passante mondiale
  • Le visionnage de vidéos en ligne a produit, en 2018, plus de gaz à effet de serre que l’Espagne
  • Regarder une heure de vidéo en streaming quotidiennement sur YouTube équivaut à parcourir 29 000 km en voiture, sur une année
  • TikTok a un impact carbone 7 fois plus important que YouTube
  • Si Google s’affiche « neutre en carbone » depuis 2007, c’est uniquement dû à son recours à la compensation carbone, pas à ses efforts pour moins polluer
  • Fabriquer un ordinateur nécessite 240 kg de combustibles fossiles, 22 kg de produits chimiques, 1,5 tonnes d’eau
  • Tous les deux jours, nous produisons autant d’informations que ce qui a été généré depuis les débuts de l’Humanité jusqu’à 2003…

Et certains de ces chiffres doublent d’année en année et ont été amplifiés par le télétravail…

Devenir un colibri numérique

Vous avez donc compris que si nous ne voulons pas participer à aggraver une situation climatique et environnementale déjà compromise, il est temps de prendre quelques bonnes habitudes. Sans nous contraindre à tout stopper – ce qui s’avère impossible pour certains, d’autant que le digital est un secteur économique à part entière – d’autres comportements peuvent être adoptés.

En voici 10, non exhaustifs :

1 – Nettoyer régulièrement sa boite mail.
Conserver des messages anciens mobilise des serveurs, donc de l’électricité.
Bérénice vous conseille pour mettre au régime votre boite mail.

2 – Se désabonner des newsletter inutiles
Vous pensiez la lire et pourtant les exemplaires s’entassent sans que vous les ayez même ouverts ? Désinscrivez-vous ! On peut le faire depuis le mail lui-même (un lien de désinscription est obligatoire). C’est fastidieux, et ça devrait empêcher de s’y faire reprendre de sitôt… Sinon Cleanfox peut vous aider à le faire de manière groupée.

3 – Alléger ses mails
En envoyant des pièces jointes plus légères (en les compressant, par exemple, pour les JPEG ou PDF) et en évitant de mettre trop de personnes en copie si ça n’est pas nécessaire. Notez que le format texte est 12 fois plus léger que le format html.

4 – Etre raisonnable et responsable
L’envoi de cette video humoristique ou de ce diaporama censé faire rire vos collègues est-il vraiment indispensable ? On peut aussi consentir à réduire son temps en streaming. Regarder des vidéos en ligne représente 60% du flux d’internet. Si chacun de nous diminue sa consommation de 10%, l’impact devient gigantesque…

5 – Privilégier les équipements moins gourmands, ou avec un label environnemental
Les ordinateurs eux aussi ont leur nutriscore, gradué de A à D.
Plusieurs labels environnementaux existent pour les ordinateurs, imprimantes, téléphones, tablettes, écrans , comme TCO, l’Ange Bleu, EPEAT, Ecolabel nordique

6 – Stocker localement plutôt que sur le cloud
Transporter une donnée via Internet consomme deux fois plus d’énergie que de la stocker pendant un an. Le stockage sur le cloud mobilise un réseau et des serveurs, celui sur votre ordinateur uniquement votre disque dur.

7 – Opter pour des moteurs de recherche différents
Aucun moteur de recherche n’est à proprement parler éco-responsable, d’autant que certains sont des extensions des mastodontes Google ou Bing. Toutefois, certains font le choix d’alimenter leurs data-centers avec des énergies renouvelables, de mettre en œuvre des compensations carbone ou de générer des revenus investis dans l’environnement.
Ecosia soutient la reforestation, Lilo finance des projets environnementaux, solidaires ou humanitaires, Ecogine reverse ses bénéfices à des associations environnementales…

8 – Diminuer la qualité d’une vidéo regardée.
Sur YouTube, par exemple, opter pour un visionnage à 720p plutôt que 1080p (et même 240p, largement suffisant sur un téléphone portable).

9 – Mettre en veille, éteindre…
On peut programmer la mise en veille de son ordinateur au bout de 3 minutes, par exemple.
Ou bien éteindre totalement tout ce qui possède une led de veille. Éteindre sa box pendant la nuit permet d’économiser 65 à 130 kWh, soit entre 8 et 16 euros et 650 à 1 300 litres d’eau par an. Ou encore préserver la batterie de son téléphone en évitant de le mettre à recharger toute la nuit. Les applis consultées en « mode sombre » fatiguent moins les yeux…et six fois moins la batterie d’un téléphone.

10 – Faire durer les équipements
Si votre smartphone fonctionne parfaitement, pourquoi céder aux sirènes des fabricants qui essaient de vous vendre leur dernier amazing modèle ? Un téléphone, une tablette et un ordinateur se réparent désormais plus facilement. Le site gouvernemental Longue vie aux objets vous aide à trouver où. Ils peuvent même s’acheter en seconde main reconditionné, comme sur BackMarket, par exemple.

Pour aller plus loin :