Dix ans après le 13 novembre 2015, la mémoire demeure vive : celle des rescapés, des témoins, de tous ceux qui sont intervenus dans le drame des attentats pour agir, secourir, puis offrir un accompagnement au long cours.
Il en faut du courage et de la force, pour surmonter l’horreur. Il est donc plus que jamais nécessaire de redire notre engagement contre cette idéologie de mort qui en est la cause et de rappeler notre solidarité, notamment vis-à-vis de nos concitoyens juifs particulièrement visés.
La Déclaration fraternelle du protestantisme au judaïsme français, publiée en 2017 aux éditions Olivétan sous le titre Cette mémoire qui engage, est aussi née de cette actualité-là. Elle dit que nous sommes appelés à témoigner d’une « espérance imprenable » dont nous gardons la mémoire. Elle dit que cette mémoire nous engage.
Elle m’engage aujourd’hui à interpeller les responsables musulmans de notre pays avec qui nous avons traversé ces temps difficiles, pour qu’ils persévèrent avec la même clarté dans cette œuvre commune : dénoncer la confusion du religieux et du politique, et les discours qui invoquent le nom de Dieu pour détruire le projet républicain. La foi ne peut être un cri de haine : elle est confiance arrimée à l’intelligence critique.
Cette mémoire m’engage aujourd’hui à alerter les responsables d’une gauche soumise à la même confusion théologico-politique, menant des combats de libération en oubliant l’intelligence critique : ils courent le risque de se perdre, par leurs discours et leurs actes de discrimination, dans la haine antisémite.
François Clavairoly, pasteur, ancien président de la Fédération protestante de France, pour « L’œil de Réforme »
