Ce lundi, une cinquantaine de survivants d’Auschwitz-Birkenau se rassembleront sur le site de l’ancien camp nazi allemand pour marquer le 80e anniversaire de sa libération, survenue dans les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale. Sous la porte historique de Birkenau, ils participeront à une cérémonie officielle en présence de nombreux dirigeants, dont le roi Charles III, le président français Emmanuel Macron, ainsi que le chancelier et le président allemands, Olaf Scholz et Frank-Walter Steinmeier. La cérémonie, qui commencera lundi à 16 heures (heure française), rassemblera 54 délégations internationales. « Cette année, l’accent sera mis sur les survivants et leur message », a précisé Pawel Sawicki, porte-parole du musée d’Auschwitz. « Il n’y aura pas de discours politiques », a-t-il ajouté.

Ces commémorations sont vues comme « l’un des derniers moments où nous pourrons tous bénéficier de la présence et des témoignages des rescapés de la Shoah », selon l’entourage du président Macron. L’Élysée a souligné que la découverte du camp par les troupes soviétiques, révélant l’ampleur de l’horreur nazie, a permis « une prise de conscience du caractère extrême et épouvantable de ce régime ». Cet anniversaire est jugé particulièrement important, d’autant plus que l’antisémitisme et « le révisionnisme qui accompagne encore parfois certains esprits malades » demeurent des réalités présentes.

« Oublier les morts serait les tuer une deuxième fois »

Selon les organisateurs, cette cérémonie pourrait marquer le dernier grand anniversaire rassemblant un nombre important de survivants. « Nous savons tous que dans dix ans, pour le 90e anniversaire, il ne sera plus possible d’avoir un groupe aussi conséquent », a déclaré M. Sawicki. Les témoignages des survivants, bien que douloureux à revivre, sont aujourd’hui essentiels pour le devoir de mémoire. « C’est trop dur à raconter, trop dur », confie à RMC Julia Wallach, presque centenaire, qui a survécu deux ans à Birkenau, où un nazi l’a sauvée in extremis d’un camion destiné à la chambre à gaz. Bien que cette expérience soit toujours éprouvante pour elle, elle a choisi de continuer à témoigner. « Tant que je pourrai le faire, je le ferai », affirme-t-elle avec détermination. À ses côtés, sa petite-fille Frankie s’inquiète : « Quand elle ne sera plus là, est-ce qu’on voudra nous croire, nous, quand on en parlera ? »

Avec la disparition progressive des derniers témoins, la transmission de la mémoire devient un enjeu crucial, ne devant pas être uniquement confiée aux musées et écoles. Les visites de lieux de mémoire, comme Auschwitz, récemment visité par 300 lycéens d’Occitanie, ainsi que les récits, les films et les œuvres littéraires, sont autant de moyens pour préserver cette mémoire. Toutefois, toute la société doit prendre le relais des rescapés afin que les générations futures comprennent et mesurent ce qui s’est passé, tout en tirant les leçons pour éviter que cela ne se reproduise. Pourtant, la mémoire seule ne suffit pas : elle doit être accompagnée d’une action ferme contre toutes les formes de discrimination et d’exclusion.

En France, où l’antisémitisme et le racisme connaissent une recrudescence inquiétante, notamment après l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre 2023. Les pouvoirs publics, les associations et la société civile doivent redoubler d’efforts pour combattre ces fléaux. L’éducation, la culture et le dialogue interreligieux sont des armes essentielles dans ce combat. Comme l’a écrit Elie Wiesel, écrivain américain et survivant de la Shoah dans son roman la Nuit« oublier les morts serait les tuer une deuxième fois ». Aujourd’hui, comme demain, le devoir de mémoire doit donc être indissociable du devoir d’action.

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