Selon un rapport de Générations Futures publié mardi 17 décembre, une majorité de fruits non bio vendus en France en 2022 contenaient des résidus de pesticides. Parmi eux, plusieurs contiennent des résidus de pesticides dangereux (cancérigènes, perturbateurs endocriniens, PFAS). Ainsi, 137 substances actives ont été détectées dans près de 2000 échantillons de 35 types d’aliments non bio différents. L’étude n’évalue pas le risque éventuel posé par ces résidus, mais souhaite « apporter des indications concernant l’exposition des consommateurs aux pesticides via l’alimentation », explique l’ONG Générations Futures. Sur l’ensemble des aliments non bio étudiés, 62% présentent au moins un résidu de pesticide détecté. Les fruits contiennent plus fréquemment un résidu de pesticide, avec 80% des échantillons concernés, contre 48% pour les légumes et 56% pour les céréales. Selon cette étude, 100% des cerises, 98% des raisins et 97% des clémentines/mandarines étudiés, contenaient au moins un résidu de pesticide détecté.
Plus préoccupant encore, parmi les aliments non bio, des résidus de pesticides dangereux ont été trouvés. Ainsi, 56% des fruits et 23% des légumes testés contenaient au moins un résidu de pesticide cancérigène, mutagène ou reprotoxique (CMR). Une substance est considérée comme CMR si elle est « classée CMR avérée, supposée ou suspectée » selon les classifications du CLP, de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) indique le rapport. Parmi ces fruits et légumes, les plus concernés par au moins un résidu de pesticide CMR sont les cerises (90%), les citrons verts (88%), les clémentines/mandarines (84%), mais aussi les fenouils (46%), les salades (43%) et les courgettes (38%).
Des résidus de pesticides jugés perturbateurs endocriniens
Les fruits sont aussi les aliments dans lesquels sont détectés le plus fréquemment des résidus de pesticides jugés perturbateurs endocriniens (PE). Sont considérés comme perturbateurs endocriniens, les substances classées PE par l’EFSA, les substances qui répondent aux catégories I (PE avérés) et II (PE suspectés) de la classification de la Commission européenne. Ainsi, 67% des fruits et 32% des légumes contenaient au moins un résidu de pesticide PE. Les clémentines/mandarines (92%), les raisins (88%) et les cerises (85%) sont les échantillons dans lesquels ces pesticides PE ont été le plus retrouvés. Pour les légumes, les concombres sont les plus concernés (62%). Enfin, 34% des fruits et 21% des légumes testés contenaient au moins un résidu de pesticide PFAS. Pour rappel, les per- et polyfluoroalkylées (PFAS) sont des composés chimiques persistants dans l’environnement.
Dans son rapport, l’ONG demande que le gouvernement « mette en place des mesures de soutien fortes à la consommation d’aliments bios » et développe l’agriculture biologique, rappelant que le PNNS (Programme National Nutrition Santé) recommande de manger au moins 5 fruits et/ou légumes par jour. Générations Futures souhaite également que le plan Ecophyto soit relancé avec une « ambition de réduction forte de l’usage des pesticides en agriculture en revenant sur changement d’indicateur et en fixant des objectifs de réduction contraignants ». Enfin, l’ONG demande de « cesser les exportations de substances actives dangereuses interdites en France et en Europe que l’on va ensuite retrouver sous forme de résidus dans des produits alimentaires importés ».