Ce soir-là, Caroline Langlade assiste au concert des Eagles of Death Metal au Bataclan avec son compagnon. Pendant l’attaque, ils se réfugient, avec 40 autres personnes, dans une loge de 7 m2. Entassés dans l’obscurité, la porte bloquée par un frigo et un canapé, ils parviennent à empêcher les terroristes d’entrer. Au bout de trois heures et demie, la BRI (Brigade de recherche et d’intervention) les libère. Caroline Langlade et son amoureux sont vivants, mais les blessures invisibles peinent à se refermer et en ouvrent d’autres.

Dans un livre, Sorties de secours, la jeune Parisienne raconte le stress posttraumatique dans lequel les survivants sont toujours plongés et le puissant lien qui relie les personnes et leurs proches ayant vécu les attaques, au sein de l’association Life for Paris dont elle a été la présidente.

Le corps se souvient

« Les premiers mois, il m’était impossible de me reconnaître comme une victime. Et puis, j’ai accepté le fait que j’avais le droit de souffrir », raconte Caroline Langlade. Face au deuil de ceux qui ont perdu des proches, face à ceux atteints de graves blessures physiques, « on s’impose de ne pas parler car on se dit qu’il y a toujours pire que nous ». L’association Life for Paris lutte contre l’isolement, aide tous ceux qui la sollicitent dans leurs démarches administratives pour faire valoir leur statut de victime.

«La vie continue, mais pas au même rythme que pour nous, on a besoin de temps, dit doucement Caroline. Les gens te pressent pour aller mieux. » Comment aller mieux ? Comment se réparer ? « Pendant des mois, je ne supportais pas l’odeur des boucheries, des pétards. Tout devenait dangereux : sortir, faire les courses, aller boire un café…, confie-t-elle, la voix un peu cassée. Certaines personnes n’ont pas été blessées par balles. Mais tout le monde a été touché. Les gens ont été écrasés, se sont fait marcher dessus. Il y a eu le bruit des tirs, des explosions, on a été […]