Un article récent de la revue The Lancet a mis en évidence une augmentation du nombre de cancers dans le monde, ce qui était déjà connu, mais aussi, événement plus nouveau, une augmentation du nombre de cancers chez les sujets jeunes, et en particulier des cancers d’origine digestive.
La France est considérée dans cet article comme l’un des pays les plus touchés par cette augmentation chez les sujets jeunes. Il ne semble pas qu’il y ait dans cette étude de biais de recrutement, et malgré les Plans cancer, il n’y a en France ni meilleur dépistage qu’ailleurs ni meilleure prévention.
Il faut donc chercher les explications dans l’air que l’on respire, dans l’eau que l’on boit, dans la pollution du sol sur lequel on marche, et bien sûr dans l’alimentation. On sait aujourd’hui que si l’exposition au tabac diminue chez les hommes en France, ce n’est pas encore le cas pour les femmes. On sait que certaines régions affichent une consommation d’alcool beaucoup trop élevée.
Tout ceci ne suffit pas à expliquer cette épidémie de cancers chez les jeunes. Il faut regarder du côté du cadmium – très utilisé dans les engrais en France – et aussi du côté des pesticides dont nous sommes l’un des plus gros utilisateurs au monde.
La France est aussi caractérisée par l’absence de registres nationaux des cancers dans la population, ce qui serait la meilleure façon d’étudier avec précision les différents facteurs possibles. L’Assemblée nationale avait récemment voté la création d’un registre national du cancer ; cependant les péripéties politiques n’en ont pas permis la mise en œuvre.
Il est urgent de comprendre cette augmentation de l’incidence du cancer chez les jeunes, seule solution pour prévenir et probablement aussi pour guérir, grâce à la médecine de précision.
Thierry Philip, professeur de cancérologie, pour « L’œil de Réforme »
