Sera-t-il un jour possible de sortir des postures populistes, démagogiques et politiciennes qui empoisonnent à petit feu notre débat public ? Une énième polémique a récemment agité l’espace médiatique sur un sujet au moins aussi grave que le consentement à l’augmentation des impôts de certains de nos compatriotes les plus fortunés, dans le cadre de la résolution nécessaire de l’important déficit public de notre pays.

Comme lui, ce sujet concerne notre avenir et le maintien des avantages que peuvent nous procurer les acquis sociaux patiemment obtenus depuis la dernière guerre mondiale, et ce, afin de nous protéger de l’incertitude, des coups durs et des périls qui menacent nécessairement toute vie humaine.

Quoi de plus vital que de nous protéger aussi, et dans le même temps, de toute agression extérieure qui minerait les fondements de cette même société à laquelle nous sommes si attachés ? Face aux menaces existentielles visant l’Europe et son mode de vie privilégié, et à travers elle, notre pays, en quoi les appels à la vigilance et à la fermeté émanant des plus hauts responsables militaires peuvent-ils apparaître à certains si scandaleux ? Pourquoi un discours transparent, mais aussi sincère qu’informé, est-il donc si difficile à entendre ?

La guerre a un prix humain, celui de la mort des soldats mais aussi, de plus en plus, des civils que nous sommes. La guerre est donc parfois nécessaire quand elle devient le seul moyen de freiner l’ambition expansionniste de certains empires aveugles à notre désir de vivre en paix. Alors oui, il faut du courage pour le dire. Et aussi pour la faire le cas échéant. N’est-ce donc pas une grave faute morale de persister à bercer nos concitoyens de fausses assurances et de refuser ainsi de nous préparer à ses funestes conséquences ?

Valentine Zuber, historienne, professeure d’université, pour « L’œil de Réforme »

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