La semaine débute sous haute tension à l’Assemblée nationale. L’examen du budget de la Sécurité sociale, comprenant la suspension de la réforme des retraites de 2023, mobilise l’attention lundi 27 octobre dans le cadre des débats autour du projet de loi de finances 2026, rappelle ICI. Le texte, déjà passé en force via l’article 49-3 de la Constitution lors de son adoption, continue de cristalliser les oppositions. La droite et le centre appuient la ligne gouvernementale, tandis que la gauche maintient la pression, redoutant des choix budgétaires qui favoriseraient selon elle les plus aisés.
L’examen de la partie « recettes », débuté vendredi 24 octobre, a abordé des sujets sensibles tels que le gel du barème de l’impôt sur le revenu, la défiscalisation des heures supplémentaires, les crédits d’impôt pour les services à la personne et pour les frais d’Ehpad. Les discussions concernant ces thèmes ont connu plusieurs avancées au cours de la journée du lendemain, comme l’adoption de l’indexation du barème de l’impôt sur l’inflation, un amendement porté par la droite de Laurent Wauquiez.
La taxe Zucman, visant les patrimoines supérieurs à 100 millions d’Euros, reste elle aussi au cœur des tensions. Les socialistes ont déposé un amendement qualifié de « taxe Zucman light », modulant le seuil à 10 millions d’Euros et la taxe à 3 %, tout en excluant certaines entreprises familiales ou innovantes. L’économiste à l’origine de la proposition, Gabriel Zucman, a rappelé sur France 2 que les exonérations prévues risquent de relancer l’optimisation fiscale.
La censure comme épée de Damoclès
Le chef des députés socialistes, Boris Vallaud, a réaffirmé lundi sur RTL qu’« il n’y a pas de deal » avec le gouvernement, tout en laissant ouverte la possibilité de négociations sur la taxation des plus hauts patrimoines et la contribution des grandes entreprises. Selon lui, en l’absence de concessions sur ces points, « plus rien ne serait possible » et la censure pourrait redevenir une option.
L’enjeu dépasse donc la simple fiscalité et touche à la stabilité du gouvernement et à la capacité du Parlement à arbitrer des réformes emblématiques comme celle des retraites. Ces déclarations s’inscrivent dans la lignée de celles prononcées la veille sur LCI par le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, qui donne au gouvernement » jusqu’à la fin de la semaine » pour faire des compromis. Ces menaces tranchent avec la position du parti de gauche au cours du dernier vote de censure ayant visé le gouvernement Lecornu 2, qui avait permis à ce dernier de rester en place.
Une semaine qui s’annonce chargée
Ce lundi, l’Assemblée se concentre sur la réforme des retraites et sur la Sécurité sociale. La suspension du texte, proposée lors de l’examen précédent, maintient l’âge légal de départ pour certaines générations, mais soulève des interrogations sur les générations futures et sur le financement du système. Le gouvernement devra arbitrer avec précision pour éviter un conflit ouvert avec le PS, tout en maintenant la cohérence financière du budget 2026.
Le reste de la semaine sera consacré à des articles plus techniques, comme le crédit d’impôt pour les services à la personne ou la taxe Zucman – probablement mercredi 29 octobre -, et promet d’être animé. Le gouvernement Lecornu devra concilier arbitrages financiers et gestion des équilibres politiques, alors que la menace d’une censure plane toujours. Dans ce contexte, chaque amendement et chaque débat peuvent peser lourd sur l’avenir du texte et sur la stabilité de l’exécutif.
À noter que le président du Sénat, Gérard Larcher, a averti que, si l’Assemblée nationale devait acter la suspension de la réforme des retraites, la chambre haute du Parlement la rétablira lorsque le texte lui sera présenté. « Je rappelle que son abandon, c’est 30 milliards de déficit en 2035 », a-t-il ainsi martelé dans une interview accordée au Parisien.

