Les réseaux sociaux sont devenus en quelques années le lieu de la communication personnelle. Chacun peut y déverser son humeur du jour et partager ce qu’il pense de la politique, des experts ou de son chat. Au même titre qu’un journal s’adresse à un lectorat, la communication personnelle s’est imposée comme une manière de présenter au monde nos points de vue et ressentis. Elle est comme une affiche, informant autrui sans réelle capacité du destinataire à réagir.
Parfois, des réponses donnent lieu à une ébauche de débat, généralement tué dans l’œuf par une expression binaire d’adhésion ou de confrontation sans argumentation ni dialogue. Le terme « communication » tend à se teinter dans l’esprit du public du même sens unique que la publicité ; il perd fréquemment la notion d’échange et de dialogue.
Témoignage personnel
Or il est crucial pour les Églises de communiquer, non pas tant pour se faire connaître que pour rencontrer des personnes et échanger sur la parole de Dieu ou l’Évangile.
Et cette évolution du mot « communication » devient un problème : notre monde est saturé de cette logorrhée personnelle, publicitaire, sociale et même théologique sans qu’il y ait forcément beaucoup de dialogue. La fréquentation exponentielle des lieux de ressourcement marque combien l’être humain est de plus en plus seul dans ce brouhaha. Gavé d’informations, il doit souvent se mettre lui-même en recherche pour trouver ce qui pourrait faire sens dans son existence. Pourtant, communiquer devrait signifier partager, découvrir, rencontrer, s’entendre mutuellement. L’enjeu est de partager avec quelqu’un d’autre les questions et le sens de l’existence et que cela soit une parole incarnée, vivante.
Multi-rencontres
Dans la vraie vie, on communique pourtant souvent. On parle de sa vie et de ses problèmes et on écoute l’expérience de ses amis ; les discussions durent parfois de heures sans jamais aboutir à des vérités absolues. On s’est remis mutuellement en route pour un temps.
En fait, le témoignage existe de lui-même quand la foi vient teinter tout ce que l’on fait et vit. En matière spirituelle, ce n’est par exemple pas parler de christianisme, mais avoir intégré la grâce.
La force d’une rencontre est peut-être le moment où recevoir la parole d’une personne inconnue vient provoquer une émotion, interroger une certitude, ouvrir un possible. Nul doute que l’essentiel est alors touché du doigt et partagé. Il en est ainsi des vraies rencontres : la discussion passe en quelques instants dans une autre dimension parfaitement spirituelle. Cela semble possible à vivre avec chaque personne placée sur notre chemin. Quand les Églises parlent de témoignage ou d’être témoins, c’est dans la multiplicité de ces rencontres personnelles que cela se joue. Là est le lieu d’une communication véritable.