Avouons une naïveté, à la suite de la dissolution « ratée » de l’Assemblée nationale en juin dernier et faute de majorité claire après les législatives, nous avions rêvé d’une nouvelle démocratie parlementaire, sur fond de coalitions, et à tout le moins, de compromis.
Pour notre défense, rappelons que le protestantisme chérit la « culture du débat », lieu véritable de construction du sens. Pour Paul Ricœur, « le débat n’est pas une lutte pour l’hégémonie, mais une quête commune de la vérité ».
Las, nous avions un peu oublié que nombre d’élus nationaux ont perdu le sens de l’intérêt général et travaillent essentiellement à leur destin personnel. Il n’y a que peu de surprise du côté du Rassemblement national. Loin de toute respectabilité, il joue aujourd’hui la stratégie du chaos avec pour seul horizon l’Élysée. Idem du côté de la France insoumise qui annonçait à 20h03 le soir du résultat des législatives qu’il faudrait appliquer « tout le programme du NFP et rien que le programme ». L’échec de toute possibilité d’alliance ou de compromis était déjà acté. Même les partis dits « de gouvernement » ont participé au suicide collectif en mégotant leur soutien au Premier ministre et à sa volonté de réduire les déficits du pays.
Affirmons-le crûment, le parlement français nous a offert ici un spectacle désolant, un déni de parlementarisme. Désespérant.
Est-il trop tard ? Peut-être pas si le Parti socialiste voulait bien s’engager dans cette voie de la « non censure » pour un futur gouvernement allant des Républicains aux sociaux-démocrates. Prions.
Jean-Luc Mouton, journaliste, pour « L’œil de Réforme »