François Bayrou a été nommé Premier ministre par Emmanuel Macron, vendredi 13 décembre, à la suite de la chute du gouvernement Barnier en raison d’une motion de censure. Son nom circulait depuis plusieurs jours déjà, mais le chef de l’État a fait durer le suspens de sa nomination jusqu’au bout. François Bayrou, l’un des premiers soutiens d’Emmanuel Macron, a été reçu en entretien à l’Élysée vendredi matin, avant qu’un communiqué officiel confirme sa nomination. La passation des pouvoirs entre Michel Barnier et le nouveau Premier ministre aura lieu vendredi 13 décembre, à 17 heures.

Un soutien indéfectible d’Emmanuel Macron

À 73 ans, François Bayrou est un allié du camp présidentiel. Lors des élections législatives de juin 2024, son groupe a remporté 36 membres. Son parti a obtenu des postes au sein des gouvernements d’Edouard Philippe, de Jean Castex, d’Elisabeth Borne, de Gabriel Attal et de Michel Barnier, rappelle franceinfo. Son alliance avec Emmanuel Macron remonte à la campagne présidentielle de 2017. Il avait renoncé à sa candidature pour faciliter l’accession au second tour de l’actuel président de la République. Pour sa future relation avec Emmanuel Macron en tant que Premier ministre, François Bayrou a confié au journal Les Echos qu’il envisageait cela comme une « coresponsabilité ».

François Bayrou, déjà deux fois ministres

Le maire de Pau avait été nommé ministre de la Justice lors du premier gouvernement d’Edouard Philippe. Un mois plus tard, il avait dû quitter son poste à cause d’une enquête préliminaire sur des soupçons d’emplois fictifs chez les assistants parlementaires du MoDem, le parti qu’il a fondé en 2007. François Bayrou a été relaxé en février, mais le parquet a fait appel. Auparavant, il avait été ministre de l’Éducation du gouvernement Balladur, de 1993 à 1997.

Haut-commissaire au Plan depuis 2020

Depuis septembre 2020, François Bayrou est haut commissaire au Plan. Sur le site du gouvernement, on peut voir qu’il avait pour rôle « d’animer et de coordonner les travaux de planification et de réflexion prospective conduits pour le compte de l’État et d’éclairer les choix des pouvoirs publics au regard des enjeux démographiques, économiques, sociaux, environnementaux, sanitaires, technologiques et culturels ». En avril 2024, des sénateurs écologistes ont critiqué son travail, indiquant qu’il s’agissait d’une « coquille vide ».

Un gouvernement de « personnalités »

« Je plaide pour un gouvernement de personnalités qui incarnent au travers de leurs engagements les grandes sensibilités du pays », indiquait François Bayrou. Sans majorité, le Premier ministre devra réussir à s’entendre avec les différents partis s’il ne veut pas être censuré comme Michel Barnier. Selon Les Echos, il souhaiterait garder le LR Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur, mais aussi ouvrir son gouvernement à une ou des figures de gauche. Il veut s’atteler à l’élection des députés à la proportionnelle, un ancien combat qu’il défend avec les écologistes et le RN.

La nomination de François Bayrou divise

Après l’arrivée de François Bayrou à Matignon, les différents groupes politiques ont partagé l’attitude qu’ils allaient adopter. Ainsi, Jordan Bardella, président du Rassemblement national, a assuré que son groupe ne censurerait pas « a priori » le futur gouvernement, indique France Bleu. De son côté, Marine Le Pen met en garde : « un prolongement du macronisme ne pourrait mener qu’à l’impasse ». La France insoumise, qui voulait un Premier ministre issu des rangs du NFP, a indiqué, par la voix de Mathilde Panot, cheffe des députés insoumis, que sa formation voterait à l’Assemblée nationale la censure. Marine Tondelier, secrétaire nationale d’Europe Ecologie Les Verts, estime que les députés de son parti n’auront pas « d’autre choix » que de censurer le gouvernement de François Bayrou s’il ne change pas de politique économique et s’il garde « Bruno Retailleau à l’Intérieur ». Le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, n’a pas menacé de censure, mais parle d’une « mauvaise nouvelle » après la nomination de François Bayrou. Le Parti socialiste a annoncé que ses membres ne participeraient pas au gouvernement. Enfin, cette nomination est bien accueillie par Gabriel Attal, secrétaire général de Renaissance, qui affirme : « Nous nous tiendrons à ses côtés ».