Il y a quelques semaines, le 30 avril, des élèves de la prestigieuse école d’agronomie AgroParisTech, lors de la cérémonie de remise des diplômes, enjoignaient leurs camarades à fuir les “jobs destructeurs”. Ils fustigeaient leur formation qui les poussent “globalement à participer aux ravages sociaux et écologiques en cours.” Interrogée par 20 Minutes, Claire Le Floch, membre de l’Académie du climat, soutient une telle démarche et appelle à “intégrer tous les acteurs dans la lutte contre le changement climatique afin de créer des coalitions”. Pour cette militante écologiste, la question du genre doit être abordée dans la lutte contre le changement climatique. 

D’après elle, l’écoféminisme plaide pour l’intérêt d’intégrer les femmes et le féminin aux rounds des négociations. “Les mouvements féministes pensent les changements sociaux et politiques en se basant sur le consentement, avec une gouvernance partagée prônant les synergies plutôt que l’asservissement des humains et du non-humain. Si on veut une révolution écologique, elle doit être féminine”, explique Claire Le Floch à 20 Minutes. Selon elle, le genre permet de repenser l’équilibre de notre environnement, ce qui encourage au changement. Car, dit-elle, les femmes réfléchissent à la consommation en termes de groupe. 

“Gouvernance partagée”

Elle prend l’exemple de l’agriculture et cite des études qui révèlent que “les femmes qui possèdent une parcelle et choisissent leurs cultures conserveraient une biodiversité de semences afin d’assurer une alimentation locale et saine du groupe”. À l’inverse, les hommes, eux, “utiliseraient des cultures de rente pour utiliser les revenus afin d’acheter des denrées alimentaires exportées”. Deux approches nettement différentes. 

Claire Le Floch cite également des rapports de l’ONU pour évoquer le fait que les femmes sont en première ligne des impacts liés au changement climatique. L’intégration de l’égalité de genre aux politiques climatiques est ainsi nécessaire. Elle prône pour des “formations sur le féminisme” et la “gouvernance partagée”. Objectif notamment : répartir plus équitablement les temps de parole.