«Il persiste de faibles lueurs de civilisation dans cet abattoir barbare autrefois appelé humanité», philosophe Monsieur Gustave, personnage du film The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson. Dans une ambiance Europe centrale du début des années 1930, le maître d’hôtel méticuleux conserve des codes chevaleresques hérités d’un autre temps tandis que son monde - et plus généralement le monde - vacille. Si la République fictive de Zubrowka, la société et la civilisation plongent dans l’horreur et la noirceur du fascisme, de la violence et de la cupidité, Monsieur Gustave reste fidèle à lui-même jusqu’au bout et refuse d’abaisser ses standards à la vulgarité du siècle ambiant. Et cela (attention spoiler alert) jusqu’à la mort. Sa poésie, ses phrases ciselées, ses tirades, ses principes moraux (tout à fait personnels, mais qui ont le mérite d’exister), sa fidélité en amitié et le sillage de son eau de Cologne «Air de Panache» en font un personnage à part, consistant, qu’on n’oublie pas.

Martyrs pour rien

Restons à l’Est, dans ces régions au charme désuet en temps de paix où de chaque foyer se dégage une bonne odeur de bortsch. De la fiction à la réalité il n’y a qu’un pas. Dans la réalité, en Ukraine, les chars russes flanqués de la lettre Z remplacent les miliciens fictifs de Zubrowka aux uniformes noirs estampillés […]