Actuellement, il est discuté de ne garder pour la Sécurité sociale que les remboursements des « gros risques » et de laisser aux mutuelles les « petits risques ». Pour alimenter le débat autour du ticket modérateur, l’exemple choisi est celui de la consultation chez le médecin généraliste. Elle coûte 26,50 euros dont 70 % sont remboursés par la Sécurité sociale et 30 % par le ticket modérateur, pris en charge par l’éventuelle mutuelle.

Dans les faits cependant, ce sont 80 % des dépenses totales que prend en charge la Sécurité sociale, compte tenu des situations en Affection de Longue Durée pour lesquelles le remboursement est théoriquement de 100 %, avec pourtant un reste à charge plus important qu’il n’y paraît, à cause des frais indirects liés à la maladie grave.

De ce fait, les personnes en difficulté, celles qui n’ont pas de mutuelle, ne pourraient prendre en charge leur « petit risque ». Ceci viendrait donc aggraver la situation sanitaire de nos concitoyens. Les « petits risques », ceux qui font aller chez le médecin généraliste, sont quelquefois le préalable aux « gros risques », et s’ils sont bien traités, peuvent participer à les éviter. On peut rappeler aussi que les mutuelles vivent avec 20 % de frais de gestion, alors que la Sécurité sociale n’en a que 7 %.

Le bien commun issu de la Résistance est la prise en charge par l’ensemble des Français du risque de chacun, quel que soit son revenu. Il me paraît nécessaire de défendre une Sécurité sociale qui nous permette de faire tous ensemble au plus petit d’entre nous ce que Jésus a demandé. Si le chrétien n’est pas de ce monde, il doit être totalement dans ce monde, et le bien commun qu’est la Sécurité sociale est un enjeu qui doit nous faire réfléchir.

Thierry Philip, professeur de cancérologie, pour « L’œil de Réforme »

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