Un ordonnateur de pompes funèbres qui avait travaillé en plusieurs endroits me disait qu’on reconnaissait les cimetières protestants en ce qu’ils étaient moins bien entretenus que les cimetières municipaux. Ils sont souvent plus « poétiques » et ressemblent moins à ces barres d’immeubles avec les tombes en rangées bien rectilignes qui se croisent tous les 20 mètres, mais ils sont aussi moins bien entretenus.
Traditionnellement, les protestants vont peu au cimetière au nom d’une foi à la résurrection qui les libère de tout culte des défunts. Théologiquement, ils ont raison, mais psychologiquement ils ont tort. Le cimetière un bon lieu pour déambuler, non pour rendre un quelconque culte aux morts, mais pour prendre conscience de la fragilité, donc du prix, de la vie… de chaque goutte de vie.
Emil Cioran a dit : « À la moindre contrariété et, à plus forte raison, au moindre chagrin, il faut se précipiter au cimetière le plus proche, dispensateur soudain d’un calme qu’on chercherait vainement ailleurs. Un remède-miracle, pour une fois. » À ne jamais fréquenter les cimetières, nous prenons le risque de nous croire immortels, de vivre à la surface de nous-mêmes, alors que c’est dans l’essentiel que se trouvent […]