Jeudi 5 décembre, à 20 heures, Emmanuel Macron s’est exprimé aux Français sur France 2, le jour suivant la censure du gouvernement de Michel Barnier par une majorité de députés. En pleine crise politique et institutionnelle, le président de la République a d’abord salué « l’engagement et la pugnacité » de son ex-Premier ministre, avant de commenter la situation en dénonçant le « front antirépublicain » formé par le Rassemblement national et le Nouveau Front Populaire. Bien qu’il n’ait pas révélé le nom de son prochain Premier ministre, Emmanuel Macron a annoncé qu’une loi spéciale serait prochainement votée pour reconduire le budget 2024.

Le président de la République est revenu sur la motion de censure qui a entraîné la chute du gouvernement de Michel Barnier. Il a estimé que ce vote avait été rendu possible « par l’union de l’extrême droite et de l’extrême gauche au sein d’un front antirépublicain ». Emmanuel Macron a souligné que le Rassemblement national avait soutenu « une motion de censure qui allait à l’encontre de leur propre programme ». Il a ajouté : « Ils ne pensent qu’à une seule chose : à l’élection présidentielle, à la préparer, à la provoquer, à la précipiter », en s’adressant directement au parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella.

« Une dissolution incluse »

Emmanuel Macron est également revenu sur la dissolution de l’Assemblée nationale, prononcée le 9 juin 2024, après les élections européennes. Le président a reconnu que cette décision « n’a pas été comprise ». « Beaucoup me l’ont reprochée et je sais que beaucoup continue de me le reprocher. C’est un fait et c’est ma responsabilité », a-t-il admis. Il a ensuite expliqué que « ce vote ainsi que les désistements réciproques ont abouti à une Assemblée nationale sans majorité », faisant référence aux élections législatives anticipées qui ont suivi cette dissolution.

Emmanuel Macron a affirmé qu’il resterait président de la République jusqu’à la fin de son mandat en 2027, malgré les appels à sa démission de nombreuses responsables politiques. « Le mandat que vous m’avez démocratiquement confié est un mandat de cinq ans et je l’exercerai pleinement jusqu’à son terme », a-t-il déclaré. Cette prise de position intervient alors que, selon des sondages Odoxa et Elabe publiés jeudi, entre 59% et 61% des Français souhaitent son départ.

« Un gouvernement d’intérêt général »

Le président de l’État a annoncé le dépôt d’un projet de « loi spéciale » au Parlement à la mi-décembre, destiné à « appliquer en 2025 les choix budgétaires de 2024 ». Cette loi, conformément à l’article 45 de la loi organique relative aux lois de finances, sera soumise au Parlement « avant la mi-décembre ». Emmanuel Macron a précisé que cette loi temporaire assurera, conformément à la Constitution, la continuité des services publics et de la vie du pays, en appliquant les choix budgétaires de 2024 pour l’année 2025.

Un Premier ministre sera nommé « dans les prochains jours » pour un gouvernement « resserré » et « d’intérêt général ». Emmanuel Macron a expliqué que le futur locataire de Matignon sera chargé de constituer un gouvernement représentant toutes les forces politiques de l’arc gouvernemental qui pourraient y participer, ou, à tout le moins, s’engager à ne pas le censurer. « Le seul calendrier qui m’importe, c’est celui de notre nation. (…) Nous avons devant nous trente mois pour que le gouvernement puisse agir », a-t-il déclaré. Il a également souligné que le futur gouvernement « devra partir du réel ».

Lire aussi :