Le régime des talibans n’opère pas de politique d’exception. Même sous les décombres, les femmes et les petites filles sont ostracisées, abandonnées à leur sort et déshumanisées. Ensevelies, des femmes sont restées à l’agonie pendant plusieurs jours, après le tremblement de terre survenu dans la nuit de dimanche à lundi 1er septembre, qui a fait plus de 2 200 morts et au moins 4 000 blessés, selon le Courrier international. Seules quelques femmes se sont vu apporter des soins par la poignée de secouristes féminines sur place.
Même dans des situations extrêmes, la loi islamique prévaut : les talibans n’autorisent pas de contacts physiques entre les femmes et les hommes, hormis les membres de leur famille. Depuis le retour des talibans au pouvoir en 2021, les droits des femmes ne cessent de régresser. Selon les informations du New York Times, les secouristes sont venus en aide aux hommes et aux petits garçons, laissant les femmes et les petites filles livrées à elles-mêmes. Dans certaines localités de la province de Kunar, particulièrement touchées par le séisme de magnitude 6, des femmes afghanes ensevelies ont dû attendre que des habitantes des hameaux alentour s’y rendent pour les déterrer. Une nouvelle illustration des discriminations genrées alarmantes mises en place par le régime des talibans.
“Les femmes et les filles seront à nouveau les premières victimes”
Le Corriere della Sera estime que les femmes arrivent aux urgences trois jours après les hommes, en moyenne. Une fois les secours arrivés, ces dernières reçoivent moins de soins, les médecins féminines étant progressivement interdites d’exercer la médecine. Souvent reléguées au métier de sage-femme, les études de médecine ne leur sont plus autorisées depuis un an.
Dans un communiqué, Susan Ferguson, représentante spéciale de l’ONU Femmes en Afghanistan, tempête : “Les femmes et les filles seront à nouveau les premières victimes de cette catastrophe, nous devons donc veiller à ce que leurs besoins soient au cœur de la réponse et de l’aide apportée”. L’Organisation mondiale de la santé a demandé aux talibans de lever les interdictions qui concernent les travailleuses humanitaires afghanes, indique Reuters ce lundi. Pour l’heure, elles ne peuvent pas secourir d’autres femmes car elles sont interdites de terrain sans l’accord d’un tuteur masculin. L’une des sinistrées, résignée, confie au New York Times : “J’ai compris : être une femme ici signifie que nous sommes toujours les dernières à être vues. » Et cela même lorsqu’une catastrophe rase des villages entiers.