« Foyers mixtes » désigne des foyers interconfessionnels chrétiens, en particulier, catholiques-protestants.
Est-ce encore un problème d’être un foyer mixte aujourd’hui ?
La première difficulté que rencontre un foyer mixte est sans doute au moment de la célébration de son mariage. Et lors du baptême et de la catéchèse des enfants, ces derniers risquent-ils d’être écartelés entre les deux Églises ? Dans la vie quotidienne, certains ont eu des expériences négatives comme partir chacun de son côté le dimanche, ne pas s’insérer dans les paroisses et se sentir exclu de l’eucharistie/sainte cène pour l’autre conjoint. Cela peut conduire à un problème de non-communication dans le couple qui risque de s’enfermer dans des querelles théologiques.
Comment les membres de votre association vivent-ils cette situation ?
Contrairement aux exemples ci-dessus, la différence est pour nous une chance et une mission. En effet, c’est une chance de redécouvrir sa propre foi, en sachant discerner ce qui est important et ce qui l’est moins, dans les coutumes et traditions de sa propre confession. Cela permet de dépasser ses préjugés, en oubliant la routine de ses propres certitudes. Nous avons aussi la chance d’approfondir l’Évangile, de vivre notre foi en devenant plus ouverts, plus tolérants. Pour nous, c’est une joie d’être accueillis dans deux paroisses et de voir nos enfants à l’aise dans les deux Églises. Cette situation de foyer mixte nous donne enfin l’occasion de poser des gestes concrets d’unité qui contribuent modestement à faire avancer nos Églises sur la route de l’unité. Certains gestes prophétiques font peut-être plus avancer l’unité des Églises qu’une obéissance stricte aux règles. Et nous pensons que cela fait partie de notre mission.
Quels choix avez-vous faits pour que votre foyer soit une source d’enrichissement et d’ouverture ?
D’abord, nous avons fait le choix de ne pas nous séparer pour les célébrations dominicales. Cela permet de connaître l’autre confession, de découvrir les richesses mutuelles. Nous avons aussi décidé de participer à un groupe avec d’autres couples partageant la même expérience. L’échange avec d’autres est indispensable pour se ressourcer. Enfin, nous nous sommes engagés dans nos Églises, y compris dans l’Église de l’autre, de façon à nous sentir très vite pleinement accueillis dans les deux Églises. L’engagement commun nous a permis de relativiser nos différences et de progresser l’un vers l’autre dans une foi commune. C’est aussi vrai pour nos enfants, à qui nous avons donné la même attitude d’ouverture aux deux confessions et de compréhension des richesses de chaque Église. Ainsi, ils ont été libres de choisir eux-mêmes l’Église dans laquelle ils se sentaient plus à l’aise.
Fondée en 2005, l’association prend notamment la suite de la revue Foyers mixtes créée à Lyon par le Centre Saint-Irénée il y a plus de 40 ans. Elle rassemble environ 200 couples mixtes, et 250 prêtres, pasteurs et délégués à l’œcuménisme. L’AFFMIC a différents groupes régionaux ou paroissiaux, avec des adhérents dans toutes les régions, plus particulièrement en Île-de-France et dans la région lyonnaise. L’AFFMIC organise des journées de rencontre ouvertes à tous les foyers mixtes, qu’ils soient au début de leur cheminement ou plus avancés sur cette route. La prochaine se déroule le dimanche 15 novembre (de 10h à 17h) à la cathédrale de Créteil. Pour en savoir plus : www.affmic.org ou écrire à affmic@affmic.org