Les récents accords gouvernementaux du Ségur de la santé vont consacrer des milliards d’euros à la revalorisation des métiers des établissements de santé. Mais ils oublient les centres de santé infirmiers, pourtant financés par la sécurité sociale et les subventions publiques.

Les salariés de ces associations, 45 sur le territoire alsacien et la plupart du temps chrétiennes, sont pourtant un chaînon incontournable des soins à domicile.

En Alsace, ils assument 45% des besoins, soit 22 000 patients, surtout en zones rurales. La Fédération d’Entraide protestante (FEP), qui compte une dizaine d’établissements dans le Grand Est, dénonce une nouvelle discrimination de leurs soignants, déjà bien moins rémunérés que ceux du public aujourd’hui.

Pourtant la revalorisation de leurs salaires ne nécessiterait que 12 millions d’euros par an à l’échelle nationale. Pour la FEP, ces décisions pourraient mettre en péril l’existence de ces centres de santé. Faute de soignants celui de Wittring, en Moselle, a déjà mis la clé sous la porte, laissant 240 patients sans soin. « J’aime la relation aux patients âgés que l’on soigne dans leur propre univers », défend Sandrine Jamot infirmière au centre de Munster depuis dix ans. « Nous contribuons à respecter leur choix de rester chez eux. » Mais depuis quelques années, elle confie que les cadences se sont durcies : « Nous devons prendre soin de beaucoup plus de personnes et les gestes sont de plus en plus techniques. Avec la baisse des temps d’hospitalisation et le développement du maintien des aînés chez eux, de plus en plus de personnes ont besoin de soins à domicile toujours plus lourds. »

Les salariées de ses structures, comme les infirmiers et infirmières libéraux, travaillent en horaire coupés et sont donc mobilisés de 6h30 à 20h. À cela s’ajoute des différences de salaires avec les hôpitaux publics qui peuvent atteindre 500 € selon l’ancienneté. À l’arrivée, ces établissements peinent donc à attirer de nouvelles recrues et à les fidéliser. Le turn-over devient la règle. Seules les jeunes diplômées s’y aventurent encore le temps de leurs débuts de carrière. « Notre principe, c’est le soin pour tous », prévient Sandrine Jamot. « Mais si la situation perdure, nous devrons refuser des patients